Mahamat Nour Ibedou « Même si cette femme a commis un crime, elle ne mérite pas de tels supplices »
Le coordinateur de la convention tchadienne pour la défense des droits de l’homme (Ctddh), Mahamat Nour Ibédou annonce son organisation va saisir la justice et accompagner les victimes dont les vidéos des supplices circulent sur les réseaux sociaux depuis quelques jours.
En tant que militant des droits de l’homme, que vous inspirent les vidéos sur lesquelles on aperçoit les compatriotes se faire maltraiter par des militaires ou leurs patrons ?
Mahamat Nour Ibedou : De l’indignation. Ces actes ignobles qui ne reflètent pas la démocratie qu’on prétend apporter aux Tchadiens. Nous aurions bien aimé réagir aussitôt mais avec les Tic, les montages ne sont pas à épargnés, c’est pourquoi nous avons vérifié la première vidéo sur la dame, qui s’est fait maltraiter par les éléments du commandant de la gendarmerie et dont nous avons la certitude qu’elle est authentique. Il s’avère que le commandant cherche à abuser de cette dame. Et ce supplice qu’on lui a affligé est dû à son refus. Il ne nous reste qu’à contacter la victime dont nous venons d’avoir les coordonnés. Même si cette femme a commis un crime, elle ne mérite pas de tels supplices. Les militaires n’ont pas le monopole de la justice. En ce qui concerne la bastonnade du domestique, nous avons pu joindre un voisin qui a confirmé avoir entendu des cris à l’heure l’acte.
Qu’entendez-vous faire ?
Nous faisons de la lutte contre les violations des droits humains notre cheval de bataille. Il s’agit des violations flagrantes des droits de l’homme donc, nous avons l’obligation de saisir le procurer de la République du Lac mais aussi d’accompagner ces victimes afin que justice leur soit rendue. Mais si le procureur est de mèche avec ces hommes treillis, nous allons porter cette aussi loin que nous pouvons. Il inconcevable que de tels actes puissent continuer à se produire dans un pays dit démocratique.
A votre avis, qu’est-ce qui explique l’apparition soudaine de plusieurs vidéos du genre sur les réseaux sociaux ?
C’est la question que nous nous posons sans cesse. Il est difficile de connaitre la motivation réelle de ceux postent ces genres de vidéos, car en postant, ils savent qu’ils doivent s’exposer éventuellement à des conséquences. C’est pourquoi, nous avons jugé opportun de vérifier l’authenticité de ces vidéos avant d’agir. Mais selon nos investigations, la vidéo sur la dame a été tournée, il y a un ou deux mois. Ce qui veut dire qu’il y a sans doute plusieurs vidéos du genre qui existent encore et qui n’ont pas été rendues publics dans ce pays.
La situation des droits de l’homme dans notre pays est alarmante. Il ne passe jamais une journée sans entendre parler de violation alarmante de droits humains au Tchad. En dehors de ces violations, il y a aussi le trafic d’être humain qui est monnaie courante.
Propos recueillis par Stanyslas Asnan
