Edito

Edito N° 112

Edito N° 112 1

Redonner à la République sa noblesse

Ainsi, la première dame ministre du pétrole de l’histoire du Tchad ne sera restée que neuf jours en poste. Coupable selon nos informations de duperie, Aziza Mariam Albachir a payé pour le mensonge qu’elle a fait avaler tour à tour à la directrice de cabinet du chef de l’état qui l’a reçue le 31 décembre 2018 puis au chef le 7 janvier.

Jouant le rôle d’accusatrice, la dame s’est plaint pour le compte de United Hydrocarbon d’avoir présenté une offre supérieure à celle de Meige attributaire du bloc pétrolier DOA. Ce qui est faux aussi bien sur le montant de l’offre que du bonus d’entrée. C’est pour l’heure la principale raison de ce limogeage qui alimente les conversations.

Mais au delà du factuel, tout observateur sérieux devrait s’inquiéter de la gouvernance de l’Etat sous la 4ème République avec la présidence intégrale. Le chef de l’Etat se retrouve exposé à toutes les manœuvres possibles et obligé de se dedire du jour au lendemain. Il y’a eu près d’une dizaine de remaniements depuis le passage à la 4ème République. C’est à dire un semestre.

Confronté à la gestion quotidienne et domestique de l’Etat, Idriss Deby Itno est obligé de réagir au coup par coup, punissant sur le champ le coupable de l’heure qui allait le blanchir plus tard. Cela se traduit par une instabilité qui décrédibilise le pouvoir aux yeux de l’opinion et des investisseurs qui ne savent pas s’ils retrouveront le même interlocuteur au prochain rendez-vous.

Au delà de l’instabilité, la 4ème République consacre une pratique politique qui n’a été que destructrice au Tchad. La délation pour arriver à ses fins. Mentir, médire au chef, ou « faire des montages » comme aiment le dirent les professionnels de la politique est devenu le meilleur levier pour prospérer en lieu et place du mérite. La méthode a prospéré au point où des fripouilles et autres individus sans références  ont pu faire carrière et atteindre les plus hauts sommets de l’Etat et détruisant au passage des cadres dont le tort est de ne pas être aux côtés du décideur de l’heure. Tel a été et est le système Deby. Le sens des responsabilités, le respect dû aux institutions et aux hautes fonctions en ont pris un coup. Il faut tout remettre à plat pour que la République retrouve ses lettres de noblesse. 

La Rédaction