Revue de presse de la semaine du 13 au 20 janvier 2019
Au lendemain des congés des fêtes, les différents journaux tchadiens ont fait leur retour dans les kiosques avec l’éviction des deux membres du gouvernement de Déby le 11 janvier dernier, la contribution du Tchad au processus de paix en Rca et la signature de l’accord de reprise du passif de la CotonTchad SN.
« Alixe Naïmbaye et Boukar Michel sont débarqués », lance Le Progrès qui annonce qu’il serait reproché au désormais ex-ministre de pétrole l’attribution d’un bloc pétrolier à deux entreprises différentes. Selon ce quotidien, il s’agirait « de la fin de la mission pour laquelle il a été nommé ou d’une ’’déclaration politique’’ mal perçue à un certain niveau ». « Pour le cas de Ndolénodji Alixe Naïmbaye, son sort serait lié à la suspension de cadres d’un organisme sous tutelle de son ministère et à sa résistance à des pressions de certaines entreprises privées de refuser l’accès à la fibre optique aux sociétés de téléphonie mobile », susurre le quotidien Le Progrès. « Boukar Michel, limogé pour une bourde diplomatique », lance Salam Info qui estime que l’ancien ministre de pétrole est rattrapé par son zèle et son ignorance. « Boukar a vendu un même bloc à deux sociétés différentes. Il est accusé d’entretenir des relations secrètes avec Taïwan et d’avoir froissé la Chine continentale dans la gestion de la crise de la raffinerie », note ce trimensuel qui précise que, « c’est dans sa logique de lèche-bottes des gamins du clan qu’il s’est rendu à Dubaï pour soutenir la candidature de Zakaria Idriss Déby comme membre de l’Agence internationale de l’énergie renouvelable. Pendant qu’il se trouvait là-bas, il a été surpris par la nouvelle du décret mettant fin à ses fonctions ». « Les raisons de leur éviction », annonce L’Observateur qui s’interroge : « la double du bloc pétrolier est-elle une erreur ou un acte prémédité pour escroquer les partenaires ? Boukar a-t-il été induit en erreur par ses techniciens ? ». Selon lui, pour un fonctionnaire de sa trempe, une telle erreur n’est pas permise. « Il a de ce fait trahi toute une nation avec cette façon de faire. Son honnêteté est mise en cause ainsi que la crédibilité du Tchad face au monde », ajoute L’Observateur qui précise que Déby a raison de le sauter du gouvernement. « On savait déjà que Ndolénodji Alixe Naïmbaye allait quitter son poste parce qu’elle est allée sur un terrain glissant en engageant un bras de fer avec certains responsables des sociétés sous tutelle de son département et non des moindres », ajoute-t-il. « Exit Alixe Naïmbaye et Boukar Michel », s’exclame N’Djaména Hebdo qui qualifie ce 4ème remaniement en moins de d’un an d’un « tâtonnement dans le choix des collaborateurs » du président Déby, ceci « après plus de vingt-huit ans au pouvoir ». Selon l’hebdomadaire, aucune raison n’a été donnée pour justifier ce double limogeage. « En pareille circonstances et en l’absence de motif officiel, les spéculations vont bon train. D’un côté, on reprocherait au désormais ex-ministre du pétrole d’avoir accordé deux permis sur un même bloc pétrolier. Boukar Michel aurait mal apprécier la nomination de Séid Idriss Déby à la direction générale de la société des hydrocarbures (Sht », annonce N’Djaména Hebdo qui ajoute que le départ de Alixe Naïmbaye était dans l’air. « L’ancienne ministre de la communication, en arrivant aux postes et Ntic, avait hérité d’une patate chaude laissée par son prédécesseur, Madeleine Alingué. Alixe Naïmbaye avait maille à partir avec Payimi Kalzeubé Deubeut. Le tout puissant ministre d’Etat, secrétaire général de la présidence, trouvait la fille de l’ancien ministre de la justice trop têtue à ses yeux », complète-t-il. « Les vraies raisons du limogeage », lance Le Visionnaire. D’après l’hebdomadaire, loin des informations selon lesquelles le désormais ex-ministre de pétrole a vendu un bloc pétrolier à deux entreprises différentes, « Boukar Michel a payé pour son patriotisme en donnant plus d’opportunités aux entreprises nationales dans l’attribution des marchés pétroliers. Il a plutôt voulu mettre fin à un anachronisme au sein de son département oubliant que sous ce régime, il ne faut jamais tout donner de peur d’en récolter les fruits amers », martèle-t-il. « Boukar n’a pas attribué deux fois le même bloc, Alixe était têtue », assure votre hebdomadaire Le Pays. « L’ancien ministre du pétrole n’a pas attribué deux fois le même bloc pétrolier à deux chinoise et taïwanaise comme annoncé mais a fait les frais d’une mauvaise communication entre son ministère et la présidence autour de l’attribution du marché des installations de surface pétrolière sur le site Oryx dans le Logone occidental », précise-t-il. Pour lever le doute dans cette affaire, votre hebdomadaire a publié dans sa dernière parution (Le Pays no 110 du 16 au 22 janvier 2019), en fac-similé, la note no 1855/PR/SGP/CAJDHEA/18 du ministre d’Etat, ministre secrétaire générale de la présidence de la République, Kalzeubé Payimi Deubet datée du 22 novembre 2018 au désormais ex-ministre de pétrole et de l’énergie, Boukar Michel sur laquelle peut-on lire : « sur instruction de son excellence Monsieur le président de la République, il vous est demandé d’attribuer à la société SUMEC le marché Epic des installations de surface pétrolière ORYX au Tchad ». Le Pays relève par ailleurs que Ndolénodji Alixe Naïmbaye a fait les frais de sa personnalité. « Engagée dans un bras de fer avec les princes autour de la gestion de l’Adetic, la dame n’a voulu céder et a même suspendu le directeur général de ses fonctions. Ses mauvais rapports avec le ministre d’Etat, ministre secrétaire générale de la présidence n’ont pas arrangé les choses », ajoute Le Pays. Mais pour Le Mirador, un nouveau titre, peu importe, « d’autres têtes vont encore tomber ». Pour ce trimestriel, Boukar et les deux ex-ministres ne sont pas les seuls coupables. « Parmi ceux qui vont bientôt emboiter les pas de Michel Ndolénodji Alixe Naïmbaye se trouvent un des ministres les plus hauts placés dans l’ordre protocolaire et un autre plus proche des dossiers pétroliers. L’atmosphère qui a prévalu lors du conseil des ministres du jeudi dernier n’augure aucune sérénité, tant le chef de l’Etat a laissé parler vivement sa colère », estime Le Mirador qui annonce que, « alors comme la perspective électorale reste lointaine, un grand ménage gouvernement s’annonce avec fracas ».
« Le Tchad pour la paix en Rca », lance Le Pays qui précise qu’en « prélude aux pourparlers de paix entre les différentes factions rebelles et le gouvernement centrafricain, le ministre délégué chargé de la défense nationale, le général Daoud Yaya Brahim a effectué une mission du 08 au 10 janvier dernier à Bangui ». Selon votre hebdomadaire, cette mission entre dans le cadre des préparatifs du dialogue pour la paix et la réconciliation en République centrafricaine. « Nous avons toujours été au côté de ce pays lorsque les circonstances l’exigent », rapporte votre hebdomadaire qui informe qu’au « cours de cette mission, le ministre tchadien de la défense et les autres membres de la délégation ont eu des échanges fructueux avec les autorités centrafricaines parmi lesquelles le président, le Pr Faustin Archange Touadera et les membres du gouvernement constituant l’équipe de négociations ainsi que d’autres acteurs de la crise centrafricaine ». « Processus de réconciliation en Rca, le Tchad aide les frères ennemis la paix de braves », annonce Le Visionnaire. Selon l’hebdomadaire, le Tchad qui est accusé d’être derrière les mouvements rebelles qui déstabilisent le pouvoir de Touadéra est sur tous les fronts pour aider au retour de la paix en terre centrafricaine. « Afin de parvenir à une réconciliation nationale dont les dividendes sont incommensurables, la mission a encouragé au respect du triptype, justice, réparation et réconciliation pour permettre aux Centrafricains de tourner définitivement la page sombre de leur histoire », note-t-il.
« Coton : la fin du calvaire des planteurs ? », s’interroge Le Pays qui poursuit : « la signature de la convention de reprise et de garantie du passif de la CotonTchad.SN le 14 janvier dernier mettra-t-elle à l’angoisse des cotonculteurs désabusés après l’embellie annoncée avec la reprise de l’entreprise par la Singapourienne Olam » ? Selon Le Pays, cet accord « permettra une reprise des activités de la CotonTchad.SN et surtout la campagne d’égrenage de la production qui est retombée à moins de 30.000 tonnes de coton graine. L’Etat endosse la dette fiscale de 13 milliards, les cotisations dues à la Cnps à hauteur de 2 milliards. 12 milliards représentants des factures des prestataires et fournisseurs d’exploitation seront audités avant tout paiement ». Votre hebdomadaire précise en outre que dans les campagnes, la colère gronde face au nom respect des promesses lors de la reprise de la CotonTchad.SN par Olam. « Certains paysans n’ont toujours pas été payés et la production de cette année n’est toujours pas enlevée dans certaines contrées, notamment dans le centre sud. Les producteurs des régions frontalières avec le Cameroun ont vendu leur production à la Sodecoton », ajoute-t-il. « L’Etat garantie le paiement des impayés aux créanciers », renchérit Le Progrès qui affirme que le passif de la CotonTchad.SN, évalué à plus de 35 milliards est payé par Olam. « C’est le holding singapourien qui a commencé à payer à sa place, par exemple les cotonculteurs pour les relancer dans la culture du coton », explique-t-il.
Stanyslas Asnan