Relever le défi de la malnutrition dans le Kanem : Des partenaires de l’Humanitaire et du Développement à la rencontre des autorités et des acteurs locaux
Du 17 au 21 octobre 2018, une mission conjointe, Banque Mondiale, FAO, PAM, UNICEF, Union Européenne/Direction de la protection civile et des opérations d’aide humanitaire européenne (ECHO) a séjourné dans la province du Kanem pour mieux s’imprégner des besoins des populations dans un contexte persistant de malnutrition et d’insécurité alimentaire
Avaient pris part à cette mission l’Ambassadeur, chef de délégation de l’Union européenne au Tchad Bertrant Soret, la Directrice d’ECHO pour l’Afrique, l’Asie et le Pacifique Androulla Kaminara, la Directrice Afrique du Nord, occidentale et centrale d’ECHO, Susanne Mallaun, le Directeur des urgences de la FAO Dominique Burgeon, la Directrice des Urgences du PAM, Denise Brown, la Directrice adjointe du Bureau Afrique de l’Ouest et du centre du PAM, Elvira Pruscini, le Directeur des urgences de l’UNICEF Manuel Fontaine, ainsi que les Représentants pays des 3 agences des Nations Unies concernées, Nancy Walters (PAM), Viviane wansteirthegem(UNICEF); et Mansour N’Diaye (FAO). Le Directeur pays d’ECHO, Olivier Brouant, la Chargée des urgences de la Représentation de la Banque mondiale, Mona Niebuhr et la Représentante pays de l’ONG Action contre la Faim, Dabagai Dabagai ont pris à la mission de terrain aussi.
Cette mission a permis à ces partenaires du Tchad de constater le degré de vulnérabilité des populations touchées par les nombreuses crises. La Province du Kanem est l’une des régions du Tchad la plus touchée par une malnutrition chronique.
D’après le Recensement Général de la Population et de l’Habitat du 2009, le Kanem compte 354 603 habitants dont 182 431 femmes et 172 172 hommes. La force de cette population réside dans sa capacité de mobilisation sociale dans toutes les circonstances et dans la conservation des valeurs socioculturelles et la régulation des conflits internes. Le Kanem fait face à une recrudescence de la malnutrition due notamment à un déficit pluviométrique important durant la campagne agricole 2017.
« Nous sommes ici pour voir avec vous comment faire face ensemble aux nombreux problèmes que la région rencontre », informe Androulla Kaminara, Directrice de Echo pour l’Afrique, le Pacifique et l’Asie. Une démarche reprise en echo par le Sultan du Kanem qui déclare : « la meilleure façon d’aider une population, c’est d’aller vers elle pour comprendre ses réalités et ses difficultés ».
Abakar Abdelkerim, Secrétaire général de la région d’ajouter : « Nous souhaitons l’appui des partenaires pour développer nos 600 ouadis non exploités, ainsi qu’une prise en charge des cas de maladies du bétail pour faire face à la crise pastorale qui sévit dans la région ».
Il convient de rappeler que la FAO a entrepris depuis 2015 la mise en valeur de certains Ouadis exploités depuis par des groupements de femmes qui s’adonnent notamment à la production maraichère. Un projet qui a été pérennisée dans plusieurs ouadis mais qui nécessite des appuis supplémentaires pour un accroissement et une diversification des productions pour mieux valoriser les activités de ces ménages vulnérables.
Les femmes et les jeunes, une préoccupation commune de la mission et des autorités locales
Au cours de cette mission, les partenaires au développement du Tchad se sont particulièrement intéressées aux questions socio-économiques des jeunes et des femmes. Le Sultan du Kanem a affirmé que la priorité de sa région c’est de former des jeunes dans les métiers adaptés aux besoins de la localité et d’accompagner leur insertion économique.
La mission s’est rendue dans certaines localités pour écouter les femmes et mieux comprendre leur situation. C’est le cas de la visite dans le ouadis de Auyouloum;
La visite au centre de santé de wadjigui ou des femmes expliquent leurs activités volontaires dans la prévention et la lutte contre la malnutrition dans leurs communautés. Dans la localité de Kourchoulo, la mission a rencontré les « mamans lumières » qui sensibilisent d’autres mamans aux bonnes pratiques nutritionnelles en partant des produits agricoles et animales disponibles localement.
Durant les nombreuses visites effectuées dans des ouadis et les centres de santé, de même que les rencontres avec les groupements d’acteurs, les acteurs du service public en charge de l’éducation et de la formation professionnelle, la mission a pu apprécier l’ampleur des besoins de la province et se rendre compte des nombreux goulots d’étranglements qui maintiennent les populations du Kanem dans un contexte quasi structurel d’insécurité alimentaire et de malnutrition.
Le destockage, un projet inédit de la FAO pour lutter contre la malnutrition : Femmes transformatrices, bouchers et bénéficiaires du projet de la viande séchée broyée de la FAO ont fait le déplacement de Kekedina pour venir entretenir la mission sur la valeur ajoutée de ce projet dans leur vie quotidienne. « Grâce au projet déstockage, nous avons amélioré notre repas et le niveau de vie de nos foyers s’est amélioré », affirme Kadjidja, femme transformatrice de la viande.
En effet, depuis 2016, La FAO Tchad met en œuvre la production de viande séchée pour lutter contre la malnutrition modérée à travers le développement de la chaine de valeur viande par le déstockage et la transformation de la viande selon les normes d' »Hygiène et Industrie des Denrées Animales d’Origine Animale » (HIDAOA).
La chaine des activités impliquées comprend les éleveurs, les bouchers, les femmes transformatrices et les unités nutritionnelles ambulatoires. Elle est supportée par les services vétérinaires régionaux, le Centre de Contrôle de Qualité des Denrées Alimentaires (CECOQDA) et les services de santé dans la distribution de la viande séchée broyée au bénéfice des enfants malnutris modérés et des femmes enceintes ou allaitantes.
L’eau, une denrée qui fait défaut dans la région préoccupe les partenaires
Situé dans la bande sahélienne, la région du Kanem rencontre des difficultés d’accès à l’eau potable. Le taux de couverture d’accès à l’eau est de 38% ; ce qui ne permet pas de couvrir les besoins. Selon le Sultan du Kanem, l’eau est la priorité de la province.
Cette mission aura permis aux Agences à l’origine de cette initiative de convenir de la nécessité d’intervenir dans le cadre du nexus Humanitaire-développement, en faveur de la revitalisation des ouadis du Kanem, qui peuvent constituer le poumon économique offrant des opportunités de travail et le relèvement des niveaux nutritionnel et de sécurité alimentaire, pour une grande partie des acteurs, dont notamment les femmes et les jeunes du Kanem. De retour à N’Djaména la mission a rencontré la première du Tchad qui a manifesté sa disposition comme championne d’une telle initiative.
Contact : Communication
Brya Elysabeth Grace-Bureau FAO Tchad
E-mail : Grace.BryaElysabeth@fao.org
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Estelle Madjilem
Email : Estelle.Madjilem@fao.org
Tel : 60 98 06 56 / 99 80 63 53
