Revue de presse de la semaine du 12 au 18 novembre 2018
En dehors du remaniement gouvernemental et du non-paiement des primes de départ des ex-agents de la primature ainsi que l’adoption du projet de loi, portant création de la Commission électorale nationale indépendante (Céni), les journaux tchadiens ont rendu un dernier hommage au notaire, homme politique et de culture, Me Béchir Madet, décédé brutalement à Paris le 10 novembre dernier.
« Il s’en est allé dans une confusion totale !», s’exclame Le Visionnaire qui précise que, Me Béchir Madet, parti à Paris le 8 novembre pour la présentation de son autobiographie ’’ Itinéraire du paysan notaire’’ est décédé dans des conditions confuses à la veille de la célébration de ses 54 ans. « Personne ne sait exactement l’origine du malaise qui a conduit à la mort du légendaire notaire, ancien gardes des sceaux et ministre du pétrole et de l’énergie qui, quelques heures avant sa mort avait communiqué sur les réseaux-sociaux et au téléphone avec ses proches et amis du Tchad et de Paris », informe Le Visionnaire. Selon l’hebdomadaire, cette situation a obligé ses proches à exiger une autopsie avant l’inhumation. « Le paysan notaire passe l’arme à gauche », lance La Voie qui précise que dans les milieux politique, médiatique et artistique, il est l’ami de tous ou presque. La Voie revient sur son parcours: « quand il a vu le jour le 11 novembre 1964 dans la sous-préfecture de Kolobo, dans le Mayo-Kebbi Est, personne ne pouvait parier un seul sou sur son avenir, tant les conditions de vie et de réussite étaient précaires à l’époque ». Selon l’hebdomadaire, c’était un homme d’exception. « Chaleur humaine, générosité, calme, sympathie, ouverture d’esprit hors du commun, il fut hissé au poste de secrétaire exécutif du groupement des socioprofessionnels de son parti, puis président de l’organisation de la jeunesse et secrétaire nationale chargé de l’éthique et de la déontologie politique. Questeur au conseil économique, social et culturel (Cesc) en 2013, il sera nommé à la tête du ministère de la justice où il mettra plus de huit mois. Après les présidentielles de 2016, il revient au gouvernement pour occuper le fauteuil de ministre du pétrole et de l’énergie où il met près de deux ans », complète-t-il. Le Pays publie : « le testament intellectuel de Me Béchir Madet », le texte que Me Béchir Madet avait préparé pour lire à quelques heures de la présentation de son livre ’’Itinéraire du paysan notaire’’ à la 3ème édition de la rentrée littéraire tchadienne de Paris et qu’il n’a jamais lu. « Que nous soyons fils d’aristocrate ou de paysan comme moi, l’ardeur à la tâche, l’honnêteté et l’amour du prochain que nous semons ne saurons rester infertiles. L’homme politique que je suis devenu, le professionnel du droit que j’ai été et je reste toujours voudrais, par cet ouvrage dire aux jeunes que, dans cet hiver naissant qui voit fondre sur notre pays une avalanche de mauvaises statistiques, de ne pas désespérer. A force de travail et de détermination, chacun d’eux arrivera à se réaliser et saura donner le meilleur de lui-même pour les siens, son pays et la communauté humaine. A travers cet ouvrage, je vous invite à découvrir au-delà de l’homme public que je suis devenu, le parcours du jeune garçon que rien ne destinait au parcours actuel. Un garçon qui, comme de nombreux jeunes de son âge a été turbulent, a écrit naïvement sur une copie de devoir que son futur métier sera ‘’Ministre de la justice’’ et que la providence a exaucé 39 ans plus tard, qui a été réveillé en pleine nuit au lycée par le gargouillis de son ventre qui criait famine. C’est donc au partage que je vous invite chers lecteurs. Un partage autour des valeurs qui nous unissent en tant qu’humains. Je ne serai pas plus long et vous invite à poursuivre la conversation autour du stand, livre en main », rapporte Le Pays qui annonce que : « de nombreux amis venus à cette rencontre pour échanger avec lui sur l’ouvrage qu’il a commis n’ont pu le voir ni échanger avec lui autour du livre qu’il voudrait objet de partage ». « Les trois vies de Béchir Madet », annonce N’Djaména Hebdo. Pour lui, l’ancien ministre de la justice, puis de pétrole reste le 1er et le plus connu des notaires tchadiens. « Me Madet avait réussi à s’imposer au fil des ans comme le notaire le plus en vue du Tchad. Formateur en droit Ohada, il dispensait aussi les cours sur la pratique notariale à l’Ecole nationale d’administration et de magistrature (Enam) et à l’Université de N’Djaména. Notaire à la carrière épanouie et mécène adulé, il s’était retrouvé sans trop le vouloir en politique. Après six ans au conseil économique, social et culturel (Cesc), il était propulsé ministre de la justice en décembre 2013. Cette expérience au gouvernement qui n’a duré que neuf n’était que partie remise. Dans le 1er gouvernement du quinquennat de Déby, il est nommé ministre de pétrole et de l’énergie avant d’être remplacé dans le gouvernement de la 4ème République du 7 mai dernier. Très actif dans le monde culturel, Madet a la culture dans les veines, car sa maman est la seule conteuse dans son village natal, Kolobo, au pays Kim », décrie-t-il.
A encore les commentaires sur les colonnes des organes de presse, le 3ème remaniement du gouvernement de la 4ème République du 09 novembre dernier est celui de la guerre. « La guerre de l’or aura bel et bien lieu », annonce Le Pays. Pour votre hebdomadaire, le président de la République a choisi la violence face à la communauté Toubou au lieu de la rassurer quant à la destination de l’or qui se ramasse à fleur de sol. « Une question à deux volets : un découpage administratif contesté mais surtout une population qui refuse l’exploitation de l’or par des entreprises ayant bénéficié de permis de la part du gouvernement central. C’est la principale signification du remaniement gouvernemental de samedi dernier », ajoute Le Pays qui qualifie ce remaniement de celui de la guerre. « Beaucoup ont estimé que la mutation de Ahmat Mahamat Bâchir au ministère du commerce, des mines et du développement industriel était une rétrogradation. Que nenni ! Idriss Déby a décidé de lui confier le dossier Toubou sur lequel son prédécesseur, Youssouf Abbasala usait de diplomatie. Le trio Bâchir-Abali-Daoud est formé pour faire la guerre », précise-t-il. Votre hebdomadaire déplore que le Tchad retombe ainsi dans le cycle de la violence politique. « Un recul qui n’est rien d’autre que la conséquence de la mauvaise gouvernance et de la fermeture du jeu politique. Dommage…Il est bien dommage», regrette-t-il. « La guerre au nord oblige Déby à remanier le gouvernement », renchérit Le Visionnaire. Pour lui, ce remaniement est motivé par l’ampleur des événements à l’extrême nord du pays. « La menace rebelle est réelle et Déby qui vient de séjourner à Amdjaress prendrait au sérieux l’alerte pour ne pas vivre une surprise désagréable les semaines à venir. La nomination du général Daoud Yaya Brahim à la défense nationale n’est pas fortuite. Grand guerrier, téméraire général d’armée, il forme avec le Cemga 1er adjoint Nguinambaye Bardé, le duo de fer, sur qui repose la confiance du chef de l’Etat ces dernières années », ajoute-t-il. « Remaniement, guerre, paix et illusions », lance La Voie qui s’exclame : « encore un remaniement ! ». Pour lui, ce qu’il faut retenir, c’est l’incessant jeu de chaises musicales dans l’appareil d’Etat. « Chez Toumaï, les gouvernements se singularisent depuis des lustres par leur instabilité chronique. Etre nommé ministre revient à s’asseoir sur une chaise éjectable », ajoute-t-il.
« La nouvelle Ceni sans société civile est adoptée », lance Le Progrès. Pour le quotidien, la nouvelle Commission électorale nationale indépendante (Ceni) connait des innovations à quant au nombre des ses membres (41 à 31) mais avec une durée de mandat indéterminée. « La loi donne la possibilité de garder la même Céni pour un cycle électoral, si l’écart entre les deux élections qui suivent n’excède pas un an. Contrairement à celle tripartite (majorité, opposition et société civile), la nouvelle Céni ne sera composée que de la majorité et de l’opposition démocratique (bipartite) », ajoute-t-il. « Une Ceni bis-repetita », martèle Le Pays qui informe que le projet de cette nouvelle loi n’apporte pas d’innovations par rapport aux précédentes. « Sur la forme de la loi instituant la nouvelle Céni, des innovations anodines sautent à vue d’œil. Sa structure correspond à l’ancienne loi n°16/PR/2013 du 7 aout 2013, portant création d’une Céni avec 5 titres et 28 articles », précise-t-il. Cependant, relève-t-il, « l’ancienne Céni était tripartite incluant la société civile alors que celle qui vient d’être validée par l’Assemblée nationale en exclut ». D’où la nécessité pour votre hebdomadaire d’appeler à repenser cette Ceni. « Il y a donc lieu, impérativement de repenser un cadre nouveau de l’administration électorale au Tchad, avec l’intention réelle d’en faire un organe indépendant qui ne soit pas soumis aux influences politiques. Les faiblesses des Céni précédentes nécessitent des améliorations pour l’actuelle. Par exemple, le mode de désignation des membres de la Céni, les critères de désignation, etc. sont illustratifs », informe-t-il. « Les députés mettent du sable dans les assiettes du peuple », annonce Le Visionnaire. Pour cet hebdomadaire, la nouvelle loi sur la Céni comporte des incongruités notoires. « Les termes ne sont pas conformes dans les dispositions de ce projet de loi. Tantôt, l’on parle des partis politiques de la majorité, des partis politiques de l’opposition, tantôt, l’on parle de la majorité présidentielle et de l’opposition démocratique », note-t-il.
« Suppression de la primature : les ex-agents accusent l’ancien Pm Pahimi », annonce Le Visionnaire. Pour l’hebdomadaire, les ex-agents de la primature dépassés par la galère après six mois d’attente sont sortis de leur silence. « Bien avant la suppression de la primature, une commission a été mise sur pied courant avril 2018 pour un délai de 45 jours pour faire l’inventaire de tous les matériels de ladite institution ainsi que le recensement de tout le personnel. L’on apprend que cette commission aurait précipité les choses en jouant la course à la montre pour finalement mentir au président de la République d’avoir régularisé la situation sociale et administrative de chaque agent », ajoute Le Visionnaire qui ajoute que pour ces agents, leur malheur vient de l’ex-premier ministre. « Menace d’une plainte contre l’Etat par les agents de l’ex-primature », renchérit Le Pays. Votre hebdomadaire de préciser que ces agents réunis en Assemblée générale le 7 novembre dernier, ont mis en place un bureau de coordination afin de réclamer le paiement de leurs droits sociaux. « Six mois après la suppression de cette institution, ils ne sont pas toujours situés sur leur sort et beaucoup envisagent saisir les juridictions compétentes », informe-t-il.
Stanyslas Asnan