Edito

Edito N° 106

Edito N° 106 1

Gare à la diversion

La semaine commence avec de nouvelles vagues de nouvelles qui balaient d’autres. La semaine dernière, deux nouvelles ont fait des vagues sur l’unique espace de liberté qui reste encore à ces Tchadiens qui se saignent chaque semaine, restriction d’accès aux réseaux sociaux, pour se tenir informer et donner leurs avis sur la vie de la nation.

La nomination du colonel Ousmane Adam Dicki, 26 ans et neveu du chef de l’Etat au poste de directeur général des douanes et l’adoption par le gouvernement, au pas des charges de la loi sur la commission électorale nationale indépendante (Céni) auraient pu alimenter le débat politique de cette semaine.

Si pour la Céni, le peu de réaction s’explique par la désaffection pour la chose politique, la nomination du désormais ex-patron des forces d’appui aux régies financières a provoqué un tel tollé qu’il fallait     trouver un autre sujet pour détourner l’attention d’une communauté d’internautes occupée à rappeler que le nouveau promu est le neveu du chef de l’Etat, qu’il n’a guère franchi le premier cycle du secondaire, etc… L’opposition politique ou ce qui en tient lieu doit être vigilante pour ne pas penser que la convocation du conseil de    ministres un samedi ne tient qu’au simple agenda du chef de l’Etat.

C’est dans ce contexte qu’intervient lundi la mise aux arrêts du musicien Ngueita Alfred, connu sous le nom de N2A Teguil pour      dit-on incitation à la haine alors qu’il ne demande, et cela depuis bien longtemps, au gouvernement d’écouter le peuple qui crie famine. En interpellant N2A lundi dernier, le pouvoir ou son bras séculier, l’appareil judiciaire ne fait que faire grimper la côte de popularité d’un artiste qui n’était connu, jusque-là que des seuls mélomanes. Il démontre aussi le caractère illégitime qui installe une propension à la répression. Pour ceux qui ne le savaient pas ou faisaient semblant, la 4ème République a consacré le  retour à la dictature. Nous y voilà !

Face à la bronca provoquée par ce qu’il faut appeler ‘’l’affaire N2A’’, il faut s’attendre à une relative accalmie dans les délestages d’électricité ces jours-ci selon certaines informations. Le pouvoir vous empêche de parler mais vous redonne le courant qu’il vous a refusé pendant des mois…

C’est tout le cynisme qui caractérise la gouvernance de notre pays. C’est pourquoi, il ne faut pas se détourner de l’essentiel. Le pouvoir, s’il est exercé, doit l’être au bénéfice de tous. Face à un pouvoir qui manque à ses obligations comme le nôtre, il ne faut pas se laisser emballer par des faits, des détails qui ne sont que la manifestation de sa nature. Il faut résister et rappeler tous les jours que les faibles performances de notre pays ne sont que la conséquence de ses échecs. C’est pourquoi, nous devons tous rappeler que le ‘’hakouma basma koor’’ sur un tee-shirt n’est pas une incitation à la haine mais un appel à la responsabilité.

La rédaction