Plus rien ne doit être comme avant
La condamnation de l’ex-gouverneur de Doba Adam Noucky Charfadine et consorts à des peines allant de cinq à six ans d’emprisonnement ferme assortis de fortes amendes pécuniaires est la résultante de la détermination et de l’engagement sans faille des professionnels de la justice blessés dans leur orgueil.
Malgré le faible engagement du parquet qui a préféré qualifier en délit ce qui apparaît clairement comme une tentative d’assassinat, le tribunal a eu le courage d’appliquer la peine maximale rappelant à tous qu’une République est faite d’institutions et que, les fouler au pied pourront valoir un châtiment. C’est ce qui est arrivé à l’ancien gouverneur et pourrait arriver au prochain qui préfèrera se rendre justice.
Personne dans l’opinion ne saura prendre la défense de Oumarou Magadji s’il avait connaissance de son pedigree. Tous ceux qui s’intéressent à la sécurité savent qu’il a été impliqué, depuis des années dans de sales coups, certains n’hésitant pas le qualifier de ‘’chef des coupeurs de route’’.
C’est en cela que certains doivent comprendre la posture de notre confrère de Abba Garde qui, dans un son de cloche moins revanchard, a demandé que soient aussi entendus les arguments du sieur Charfadine. Mais le péché de ce dernier, et c’est aussi l’Adn du système qui l’a produit, c’est de penser que la seule force pourra imposer ce qu’il considère lui comme juste et droit. Pour dire les choses clairement, l’administrateur Charfadine ne s’est pas comporté comme un citoyen d’un pays civilisé. C’est son principal tort.
C’est aussi dans les subtilités que se trouve la gangrène qui ronge l’appareil judiciaire et partant, la société tchadienne. Les juges et autres personnels de la justice ont beau se barricader derrière l’intime conviction et l’autorité de la chose jugée qu’ils entendront toujours le cri de la veuve et de l’orphelin criant justice. La tentation de se rendre justice est, quoi qu’on dise le signe qu’il y’a déficit de justice. Et le phénomène s’est accentué comme l’a si bien souligné le magistrat Issa Tom, coordonnateur national du programme d’appui à la justice, dans nos colonnes il y’a un semestre.
Si donc le corps judiciaire a su faire bloc pour obtenir la relève, l’arrestation puis la condamnation d’un ‘’intouchable’’ comme Adam Noucky Charffadine, c’est que d’autres, même individuellement pourront le faire. C’est possible.
Aux juges, avocats, huissiers et autres notaires de passer un coup de savon sur le visage hideux que l’opinion a de leur institution. Ils auront ainsi donné à la nouvelle République une base solide pour avancer vers un Etat de droit même si pour l’heure, cela reste un rêve.
La Rédaction