Charfadine et consorts condamnés de 5 à 6 six ans d’emprisonnement ferme
Le tribunal de grande instance de N’Djaména a condamné ce jeudi 28 juin 2018 l’ancien gouverneur du logone oriental et les gendarmes l’ayant aidé à tirer sur un avocat et ses clients libérés par la justice à des peines d’emprisonnement de cinq à six ans.
Adam Noucki Charfadine, ex gouverneur du Logone Oriental, Mahamat Djamal Nimir, ex Com-Légion et Adoum Mahamat Djibrine, ex Com-Légion adjoint sont condamnés à 5 ans d’emprisonnement ferme et 5 000 000f d’amende chacun.
Les gendarmes Mahamat Yaya Abdelkérim, Cherif Noucki Tahir et Noubaramadji Rodrigue, écopent de 6 ans d’emprisonnement ferme, 200 000f d’amende chacun.
Un mandat d’arrêt est décerné contre le Com Légion Mahamat Djamal Nimir, en fuite. Les juges ont disqualifié les infractions initialement retenues pour les requalifier en délits de : destruction des biens, discrédit sur une décision de justice, empiétement sur les fonctions judiciaires, attentat à la liberté et complicité.
Tel est le verdict du procès en première instance dans l’affaire opposant le corps judicaire aux anciens responsables du Logone oriental et les gendarmes poursuivis par le corps judiciaire (syndicats des magistrats et ordre des avocats) après la fusillade contre la voiture transportant l’avocat Me Doumra Manassé et ses clients qui venaient de quitter la maison d’arrêt après avoir été libérés par une décision de justice.
Ce matin, à la reprise du procès, les avocats des parties civiles ont réitéré leur demande de faire comparaitre Oumarou Magadi, enlevé par les gendarmes de Doba, le l’ancien Com-Légion, Mahamat Djamal Nimir en cavale, Mahamat Djamal Nimir, le Com Légion de MBaïbokoum, Mahamat Yohro, les deux responsables de la maison d’arrêt de Doba.
Les avocats rapportent aussi la preuve de « discrédits jetés sur une décision », réclamée lors de l’audience précédente par le prévenu Charfadine et la verse au dossier. Il s’agit de l’enregistrement sonore de l’entretien accordée à la Radio Fm Oxygène par l’ancien gouverneur et dans lequel il traite les magistrats des corrompus. La preuve sera purement et simplement écarté des débats par le tribunal. Quelques avocats des parties civiles quittent l’audience en signe de protestation.
Le procureur dans ses réquisitions cite d’abord l’article 40 du nouveau Code de procédure pénale qui dit qu’en cas de cumule d’infractions ou de connexité, le juge retient la peine la plus élevée ensuite et requiert qu’il plaise au tribunal de déclarer Charfadine coupable des faits à lui reprochés et le condamner à 18 mois d’emprisonnement ferme et 100 000f d’amende ferme. Il requiert 15 ans pour les autres prévenus, 75 000 f d’amende, requiert enfin que le tribunal décerne un mandat d’arrêt contre Mahmat Djamal Nimir.
Le président du tribunal clos les débats en accordant la parole en dernier lieu aux cinq prévenus pour dernier mot eu égard aux réquisitions du parquet. « J’ai servi loyalement mon pays. Je suis allé moi-même à la Snrj pour faire face aux avocats parce que j’ai confiance en la justice. Je vous demande de me juger conformément à la loi et selon les preuves et non parce qu’une corporation s’acharne contre moi », conclut le principal prévenu Adam Noucki Charfadine. Le président suspend l’audience et met le dossier en délibéré pour 15heures. A la reprise et contre toute attente, le tribunal n’a pas suivi les réquisitions du ministère public. Le verdict est prononcé à l’absence des avocats des parties civiles mais ceux de la défense entendent interjeter appel dès ce vendredi 29 juin. GD