Revue de presse du 05 au 12 mars 2018
« Crise sociale : c’est l’impasse! », s’exclame L’Observateur qui poursuit qu’après les tentatives du premier ministre et du ministre des finances pour dissuader les travailleurs, c’est autour de Deby en personne d’entrer en scène lors de sa rencontre avec les responsables syndicaux mais il n’a pris la mesure de la situation et enfonce le clou en remuant le couteau à nouveau dans la plaie baignant : l’application de la fameuse loi 032.
« Peut-on se dire, un père de famille responsable va-t-il laisser ses enfants mourir de faim », s’interroge l’hebdomadaire avant de conclure : « Deby, en tant que père de la nation doit savoir écouter les cris de détresse des travailleurs ». « De plus en plus près de l’explosion », lance N’Djamena Bi-Hebdo qui annonce que : « le pays se meurt, mais Deby s’enjaille ». Selon notre confrère, la communication gouvernementale est véritablement affligeante. « Après son premier ministre, on espérait que le président Deby, comme il a fait par le passé, ferait semblant de désavouer ses sous-fifres, pour revenir sur une décision considérée unanimement come destructrice », attend le Bihebdomadaire avant d’ajouter : « mais en rencontrant les partenaires sociaux le jeudi 1er mars dernier, il a repris point par point aussi bien les argumentaires que les injonctions du premier ministre : la loi 32 sur la réglementation de la grève sera appliquée dans son intégralité, les mesures d’austérité sont incontournable et les syndicalistes doivent reprendre le travail sans délai et entamer immédiatement les discussions avec la tripartite, uniquement pour trouver une alternative au décret 687 ». « Deby se moque des travailleurs », lance le tri mensuel Salam Info qui poursuit que: « alors que les écoles, les hôpitaux et les institutions publiques sont fermés, le président Deby et ses ouilles sont allés en villégiature dans la bourgade d’Amdjarass. Entre temps, il veut obliger les fonctionnaires à reprendre le travail puisqu’il vient de recevoir encore le soutien de la France dont le président de Sénat est venu à sa rencontre la semaine dernière ». « C’est reparti pour des jours sans écoles, sans soins, sans nourriture… », renchérit l’hebdomadaire La Voix. « Nous l’avons supplié de sortir pour siffler la fin de la récréation. Et il l’a fait à sa manière sans vraiment parvenir à convaincre les partenaires sociaux qui, visiblement sont vent debout et décidés à ne rien lâcher », ajoute-t-il. Selon nos confrères, après son premier ministre qui a utilisé vainement la carotte et le bâton pour convaincre les partenaires sociaux, le président lui-même a décidé d’aller au charbon. « Beaucoup pensaient non sans raison que le chef de l’Etat allait annoncer des mesures allant dans le sens de la décrispation de la tension sociale mais non. En bon militaire, il reste sur sa position et l’a durcit », poursuit La Voix. « Le refus du mépris », lance votre hebdomadaire Le Pays qui fait la caricature du président Deby, habillé en Djellaba bleu, assis sur une chaise rouge, pieds sur la table et une arme à côté qui aux responsables syndicales : « avant que je n’arrive au pouvoir, vous avez droit à un repas par jour. Maintenant grâce à moi, vous en avez deux…Il faut comprendre la situation et reprendre le travail ». Eux de répondre unanimement : « Martaba ! Tu sais pourquoi il n’y a pas d’argent…Ce n’est pas la faute des travailleurs…Annule la coupe des salaires et on reprend le travail » lui répondent-ils. « Pure dictature », lance Abba Garde. « La dictature ‘’débienne’’ n’est plus à démontrer. Dire que le pouvoir appartient au peuple tchadien et que celui qui le confie à un individu ou des individus qui l’exercent en son nom et pour ses intérêts est une utopie. Le mépris que le président Deby a affiché aux yeux des travailleurs qui ne réclament que leur droit en dit long », précise le tri mensuel Abba Garde.
« Combien de fonctionnaires payés et comment ? », s’interroge Le Pays qui annonce avec le tableau du résultat de paie à l’appui que : « c’est la grosse confusion depuis mardi soir quand certains fonctionnaires ont commencé à recevoir des sms indiquant qu’ils ont reçu leurs salaires ». Selon votre hebdomadaire, recoupement fait, les salaires ont été effectivement versés à une partie de fonctionnaires. « Selon les fonctionnaires, l’Irpp, nouvelle version a été appliquée et les abattements ont été abandonnés. On évoque le non-paiement des salaires à moins 31.000 fonctionnaires, contre 68.000, militaires y compris, qui sont supposés n’avoir pas observé la grève », complète Le Pays. « 31.000 agents de l’Etat seraient exclus de la paie », renchérit Le Progrès qui annonce que la plupart des agents concernés par cette exclusion de la paie seraient ceux de l’éducation nationale et de la santé publique.
« Accord Tchad-Glencore : explication de texte », titre Le Pays qui revient sur les détails fournis directeur général de la société des hydrocarbures du Tchad (Sht) Taher Hamid Nguilin lors de la rencontre du samedi 04 mars dernier dans son bureau. « Ce que nous gagnons avec cet accord, c’est la sérénité », annonce-t-il. Selon l’hebdomadaire, l’Emirat du Qatar, gros actionnaire du Trader anglo-suisse a joué un rôle important dans la conclusion de cet accord. « Coïncidence troublante, la reprise des relations diplomatiques entre le Tchad et l’Emirat quasiment au même moment », ajoute l’hebdo. « Accord international avec Glencore, la Sht s’explique », renchérit La Voix qui annonce que cet accord vient selon le directeur général de la Sht, corriger les carences et difficultés qui ont surgi dans l’exécution du contrat originel en 2014, renégocié en décembre 2015. « Ces carences et difficultés portent sur son coût prohibitif à travers un taux d’intérêt global de libor, (London interbank Offered Rate) plus de 7,5% l’an, assis sur un prêt presque sans risque, son mode de remboursement qui est devenu du fait de la baisse des cours et de la production quasi-confiscatoire », ajoute-t-il. « Signature d’accord intérimaire entre Tchad et Glencore : ‘’le Tchad est définitivement de retour sur le plan économique », lance L’Observateur qui paraphrase le Dg de la Sht. « En quoi ce contrat peut-il être utile pour le Tchad et les Tchadiens », s’interroge l’hebdomadaire qui cite toujours le Dg : « cette année, nous pensons produire pour l’Etat et ses démembrements, autour de 11 cargos, avec à peu près 4 pour la raffinerie et les 7 seront exportés ». « Accord Tchad-Glencore : Béchir Madet, le dindon de la farce », lance pour sa part Abba Garde. Selon l’hebdomadaire, alors que beaucoup attendaient une communication du ministre de pétrole, Béchir Madet sur les tenants et les aboutissants de cet accord, les agités du pouvoir sans expérience ont fait de la récupération.
« Journée internationale de la femme : les femmes de la plate-forme syndicale revendicative font le deuil », annonce Abba Garde qui ajoute que dès 8 heures, les femmes de la plate-forme convergent vers la bourse de travail et l’école du centre de N’Djamena pour faire le deuil au lieu de la fête alors que d’autres qui ont eu gratuitement des pagnes défilent à la place de la nation. « Emancipation de la femme tchadienne : entre réalité et utopie ? », s’interroge Salam Info. « Dans presque toutes les cultures au Tchad, les femmes sont les plus souvent classées au second rang. Aujourd’hui encore, la situation de la femme n’a pas véritablement changé. La journée internationale de la femme ne semble qu’un bluff », ajoute notre confrère qui cite les expressions telles que ‘’ce n’est qu’une femme’’, ‘’ je ne suis qu’une femme’’ qui relèguent la femme au second rang de la société tchadienne. « Senafet 2018, une célébration sur fond de crise sociale », précise l’Observateur qui annonce que cette année, il n’y a pas d’afflux des femmes dans les marchés, les supers marchés et ateliers de couture comme dans les années précédentes. « Les défis de la femme tchadienne », lance pour sa part La Voix qui publie l’indice mondiale de l’Ecart entre les genres de 2017. « Le Tchad est 141eme sur 144 pays en termes d’égalité hommes/femmes, d’opportunité économique, d’éducation, d’émancipation politique, de santé et de survie », complète l’hebdomadaire La Voix. « Senafet’art ou Senafet art ? », s’interroge Le Pays qui annonce que par ces temps de crise, toutes les idées sont bonnes pourvues qu’elles mènent à la création d’un festival. « Ainsi, n’ayant pu s’imposer à la tête du festival Senafet’art (semaine nationale de la femme tchadienne en art), crée et dirigé depuis 2016 par Déborah Ngakoutou, Mariam Mayoumbila ex directrice de la culture prend tout le monde à court et crée un festival parallèle et le dénomme Senafet en art » annonce votre Hebdomadaire avant de compléter : « dans la tête des partenaires et des journalistes, c’est la confusion », puis Le Pays de conclure : « Senafet’art ou Senafet art, on ne sait pas dans quelle mare on nage ».
Stanyslas Asnan