Monsieur le Président, vous devez parler
Il n’est pas dans les habitudes de votre hebdomadaire d’user du style direct. L’invective n’est pas non plus notre registre. Mais la situation le commande. En effet, cela fait cinq semaines, bientôt six que l’Etat, pour ne pas dire l’administration publique est à l’arrêt.
De milliers de jeunes tchadiens interrogent chaque matin le regard de leurs parents pour savoir quand est ce qu’ils retrouveront la joie d’une cour de récréation. De nombreuses maman croisent les doigts à longueur de journée pour que rien de grave n’arrive à leurs progénitures qui n’ont pour toute activité que les jeux en ces jours de canicule. Que dire des parents, fonctionnaires qui vivent ces derniers jours du mois, l’angoisse d’une surprise désagréable lorsque la caissière, à la banque leur tendra le montant qu’affiche leur compte. Quatre, cinq chiffres ? Comment faire dans ce cas pour joindre les deux bouts dans ce cas? Tel est le portrait-robot de la situation que vit majorité des Tchadiens même si, pour le Premier ministre, cette frange ne représente pas 1% de la population tchadienne.
Entre le gouvernement et les syndicats, aucune autre alternative ne semble possible, outre l’affrontement jusqu’au dénouement qui pourrait prendre une tournure que, bien malin qui saura en prédire l’issue. La colère est là. Sur les réseaux sociaux, à la ville où de nombreux tchadiens pestent contre les coupures d’électricité qui sont redevenus le quotidien de tous, les coupures des salaires, la quasi léthargie des services de l’Etat. « Où va le pays » semble être la question la mieux partagée en ces jours où personne ne sait de quoi sera fait demain.
Mais dans ce climat d’incertitudes et de doutes, une voix, un propos manque et se fait rare. Celle du père de la nation qui, comme si de rien n’était, voyage, reçoit ses homologues, préside sans faire cas d’une situation qui glisse surement et lentement vers un pourrissement qui n’est surtout pas dans l’intérêt de ceux qui aiment le Tchad.
Où est-il ? Pourquoi ce silence ? Est-ce un acquiescement tacite des choix du gouvernement dont, de toute façon, le chef n’est que l’exécutant d’un programme politique qui n’est pas le sien ?
La situation n’a que trop durée et le chef de l’Etat qui reste, le seul maître à bord du jeu politique dans notre pays doit sortir de son mutisme. Plus qu’une demande, cet appel sonne comme une interpellation puisque c’est à lui qu’incombe le destin des Tchadiens et non ses collaborateurs qui, de toute façon, n’agissent que grâce à son consentement, fut-il tacite. C’est pourquoi nous disons, monsieur le Président, la souffrance des Tchadiens n’a que trop durée. Vous devez parler !
La Rédaction
Post Scriptum: Au moment où cet éditorial est sous presse, on apprend que le chef de l’Etat a rendez-vous avec les syndicalistes. Nous y reviendrons.