Edito

Edito N°074

Edito N°074 1

Le tout répressif ne sera que contreproductif

Ainsi, c’est, selon toute vraisemblance son côté conciliant qui lui a coûté son poste à Ahmadaye Abdelkérim Bakhit, ministre de l’administration du territoire, de la sécurité publique et de la gouvernance locale. Débarqué  un mois juste après avoir été nommé à un poste qu’il a déjà occupé il y’a quelques années.

Son successeur n’est autre que son prédécesseur au poste, le truculent Ahmat Mahamat Bâchir à qui on connait le sens de la démesure quand il s’agit d’exécuter les ordres de son chef dans son rôle favori de chien de guerre.

En inondant les rues de forces de l’ordre équipées de nouveaux engins et un arsenal inhabituel, les lieux publics de mouchards, le gouvernement a montré qu’il entend affronter les populations qui mains nues manifestent depuis des jours. Au fil des jours, le nombre de blessés croit, on redoute d’autres morts après la fillette de Béré signe que le malaise a atteint les provinces. Après les villes de Doba, Abéché, Béré et Gounou- Gaya, Mao à qui on ne connait pas d’accents frondeurs est aussi entrée dans la danse ce 30 janvier 2017. C’est dire que la colère est là…

Mais à la rédaction de Le Pays, nous sommes inquiets. Inquiets d’autant que la lecture du dernier moment laisse clairement comprendre que c’est le temps des faucons. Ceux qui n’adhèrent pas à la ligne dure sont priés de vider le plancher. C’est ce qui est arrivé à Ahmadaye Abdelkérim Bakhit pour avoir supplié les activistes, c’est aussi ce qui est arrivé à Mahamat Allahou Taher pour avoir émis des réserves sur le procédé qui consiste à imposer à la hussarde la baisse des salaires aux agents de l’Etat, forces de sécurité comprise (Lire Indiscrets).

Ce faisant, le gouvernement aura réussi à mettre l’administration à l’arrêt, fermer les hôpitaux et écoles. Ce qui a pour conséquence de mettre les élèves dans les rues. Le phénomène, nous l’avons dit, telle une trainée de poudre gagne le pays profond.  Et il l’entend bien continuer à parvenir à imposer ses mesures certes impopulaires mais nécessaires qui s’imposent à n’importe quel gouvernement selon le ministre des finances. Nous en sommes circonspects.

Tout ceci, dans un contexte politique bloqué où l’opposition boude l’organisation d’un forum pour la réforme des institutions, premier pas vers la marche vers une nouvelle constitution. Certes le gouvernement ne se préoccupe pas du peu de légitimité que revêtira sa démarche. Mais comment entend-il faire passer ses réformes non moins controversées tout en ayant à dos la grande majorité de la population privée d’hôpitaux, d’écoles et de services publics ? Le gouvernement doit revoir sa copie. Sans quoi, même s’il arrive à imposer ses mesures contre l’austérité, ce qui n’est pas gagné, il sortira de la crise actuelle avec l’image d’un régime qui ne doit rien au peuple mais tout aux grenades lacrymogènes et à la matraque. Et l’histoire retiendra qu’on aura fait un saut de plusieurs décennies en arrière. 

La Rédaction