Politique

Maréchal Mahamat Idriss Déby au pied du mur

Maréchal Mahamat Idriss Déby au pied du mur 1

« Vini, vidi, vici » aurait pu s’exclamer le président de la République au soir du 28 janvier 2025 après avoir écouté le leader des Transformateurs, un des derniers à reconnaître sa victoire à la présidentielle, les résultats des législatives, municipales et provinciales. Vainqueur des élections avec une majorité confortable et la caution de son principal opposant, le chef de l’Etat a toutes les cartes en main pour dérouler en principe sans aucun obstacle ses 12 chantiers pour le développement du Tchad.

Mais pour beaucoup d’observateurs, Mahamat Idriss Déby Itno aura pour adversaire son propre camp, habitué à la mal gouvernance. Qu’il s’agisse de l’insécurité, les détournements des deniers publics, l’injustice sociale, le chef de l’Etat a montré en trois ans de transition qu’il ne compte guère s’affranchir des pratiques du système hérité de son père.

Qu’attendre de lui en matière de sécurité quand on sait que, malgré la surmilitarisation du pays, malgré les fouilles intempestives, on tue, massacre à tout vent ? De mémoire d’observateurs, jamais des conflits intercommunautaires n’ont fait autant de morts que depuis 2021. La vérité est que l’appareil sécuritaire travaille à protéger le régime et non la population.

Qu’attendre de lui en matière d’assainissement de la justice quand lui-même écrit noir sur blanc dans ses mémoires que la justice est si corrompue qu’il a préféré contraindre en dehors du cadre judiciaire son ancien collaborateur, Idriss Youssouf Boy au remboursement des 17 milliards de Fcfa détournés des comptes de la société des hydrocarbures du Tchad ?  Comment comprendre que malgré son inconstitutionnalité relevée, le Mps s’entête à enfermer le président dans une position partisane alors qu’il est censé être le garant de l’unité nationale ?

Qu’attendre de lui en matière de bonne gouvernance lorsque le caractère clanique, régionaliste des nominations et promotion ne gène plus quelle que soit le niveau d’indignation ? Comment croire au discours sur la bonne gouvernance lorsque, par exemple tous les responsables provinciaux de la douane viennent d’une seule partie du pays ?

Six mois après sa légitimation, Mahamat Idriss Déby Itno ne donne aucun gage de la refondation du Tchad annoncée. A moins que la main tendue ne lui donne de nouvelles énergies lui permettant de s’affranchir du système hérité de son père qui n’a jamais été à l’aise avec les valeurs, moins encore la vertu.

La Rédaction