Edito

L’empire paye ses errements

L’empire paye ses errements 1

Ainsi, Emmanuel Macron, le gourou officiant l’intronisation de Mahamat Idriss Déby Itno en avril 2021 se retrouve à être traité d’arrogant néocolonialiste par le régime de N’Djaména après ses propos le 6 janvier 2025 à l’ouverture de la conférence des ambassadeurs de France. Pour avoir traité d’ingrats les pays africains qui ont demandé le départ des troupes françaises de leurs territoires, le président français a provoqué une volée de bois vert dont les échos voire les conséquences ne sont pas près de s’estomper.

A la vérité, « M. Macron a cru que l’intelligence pouvait remplacer l’expérience et la connaissance » analyse avec justesse, Nicolas Normand, ancien ambassadeur de France dans plusieurs pays. Au-delà des erreurs tactiques, Emmanuel Macron n’a fait qu’aggraver une désaffection due à l’arrogance et un manque de reconnaissance de la France officielle face à ses partenaires africaines.

Un coup soucieux des droits de l’homme et de la démocratie, un autre coup réaliste quand ses intérêts l’exigent, la France s’est décrédibilisée au fil des années apparaissant comme le principal allié des dictatures et l’avaliseur des coups d’états quand cela l’arrange comme au Gabon et au Tchad.

Face aux autres pays du Sahel qui ont décidé de rompre les liens, la France qui soutien depuis 40 ans les régimes Déby de père en fils a soudainement retrouvé le goût de la vertu et des valeurs. Comme si les opinions publiques africaines d’aujourd’hui étaient les mêmes qu’il y’a 60 ans. Plus jeunes, plus scolarisées les populations africaines sont de plus en plus exigeantes et moins enclines à avaler les discours populistes.

C’est donc pour avoir joué la ligne du tout sécuritaire au détriment de la démocratie et des droits de l’homme que la France se retrouve aujourd’hui (en fait depuis le début de la transition) à payer le prix de ses errements.

Demain, l’histoire retiendra que le plus jeune président de France a adoubé, pour ce qui concerne le Tchad, une dictature de père en fils avant de se faire jeter comme un malpropre. Ce qui arrive n’est qu’un épisode dans la décrédibilisation de la classe politique française qui par ses choix, a travaillé à la perte de l’influence de l’empire.

La Rédaction