Suite à la déclaration du Président français Emmanuel Macron sur le retrait « arrangé » des forces françaises en Afrique, le gouvernement tchadien, à travers son porte-parole, ministre des affaires étrangères, Abderaman Koulamallah recadre le chef de l’État français.
Selon Emmanuel Macron, c’est la France qui a proposé aux chefs d’États africains de réorganiser leur présence militaire. « Comme on est très poli, on leur a laissé la primauté de l’annonce. Mais ne vous y trompez pas : parfois, il a fallu les pousser. Mais, ce n’est pas parce qu’on est poli, correct, et qu’on se réorganise nous-mêmes, qu’il faudrait que ce soit retourné contre nous en disant : “Ils sont chassés d’Afrique.” », affirme-t-il.
Des propos qui passent mal auprès du gouvernement tchadien. Abderaman Koulamallah appelle les dirigeants français à respecter le peuple africain et reconnaître la valeur de ses sacrifices. « L’Histoire atteste que l’Afrique, y compris le Tchad, a joué un rôle déterminant dans la libération de la France lors des deux guerres mondiales, un fait que la France n’a jamais véritablement reconnu. Les sacrifices immenses consentis par les soldats africains pour défendre la liberté ont été minimisés, et aucun remerciement digne de ce nom n’a été exprimé. » rappelle-t-il.
Le porte-parole du gouvernement souligne que la construction de l’armée tchadienne n’est pas l’œuvre de la France. « Notre armée, forte et résiliente, est le fruit de la bravoure du peuple tchadien et des sacrifices consentis avec des moyens modestes. La France n’a jamais doté l’armée tchadienne de manière significative ni contribué à son développement structurel. En 60 ans de présence, marqués par des guerres civiles, des rébellions et une instabilité politique prolongée, la contribution française a souvent été limitée à des intérêts stratégiques propres, sans véritable impact durable pour le développement du peuple tchadien. », indiquer Abderaman Koulamallah. Il estime qu’au lieu de s’en prendre à l’Afrique, « le Président Macron devrait concentrer ses efforts sur la résolution des problèmes qui préoccupent le peuple français ».
Selon le gouvernement, « le peuple tchadien aspire à une souveraineté pleine et entière, à une véritable indépendance, et à la construction d’un État fort et autonome, acquis au prix de sacrifices inestimables ». Abderaman Koulamallah invite les « partenaires, y compris la France, à intégrer cette aspiration légitime dans leur approche des relations avec l’Afrique ».