Politique

20 octobre 2022 : l’espoir d’une justice pour les victimes est loin

20 octobre 2022 : l'espoir d'une justice pour les victimes est loin 1

Ce 20 octobre 2024 marque les deux ans des évènements tragiques du jeudi 20 octobre 2022. Ce jour-là, une manifestation organisée par des partis politiques et société civile pour protester contre la prolongation de la transition a été violemment réprimée par les forces de l’ordre.

Plusieurs victimes portent encore les douleurs de ce “Jeudi Noir”. Des centaines manifestants ont été arrêtés, torturés lors de leurs déportations à la prison de Koro-Toro. « On nous a entassé, plus de 200 personnes, dans un véhicule militaire appelé communément MB pour déporter à Koro-Toro. Arriver dans le grand désert de Moussoro jusqu’à Koro-Toro, on avait tous soif. Les gens étaient obligés de boire leurs urines pour résister. On pleurait dans le véhicule “ne nous tué pas donnez nous de l’eau à boire” et les militaires nous ont répondu “Mourez… appeler votre Succès Masra de venir vous donner de l’eau… chiens”. Ils avaient de l’eau dans leur véhicule mais personne ne nous à donner », raconte une victime avec les larmes aux yeux. Elle ajoute que : « On a quitté ici le samedi 22 octobre 2022 à 21 h et jusqu’au petit matin les gens commencent par mourir et nos tortionnaires nous obligeaient à jeter les corps de nos frères dans le désert. Y a un frère qui a décidé de sauter du véhicule pour se sauver. Malheureusement il est mal tombé et son cou est cassé. Les militaires se sont arrêtés pour voir s’il est vivant ou mort. Ils sont revenus en disant “clab dha mâte” (le chien là est mort. Ndlr)” », explique-t-elle.

Le bilan de cette journée du 20 octobre 2022 est lourd : des véhicules calcinés, des sièges de partis politiques incendiés… Mais le bilan humain est encore très lourd. Le gouvernement parle de 73 morts dont plusieurs membres de forces de l’ordre. Les organisateurs de ces manifestations parlent de 300 morts. La Commission nationale des droits de l’homme établi un bilan de 128 morts, 12 disparus, 518 blessés, 943 arrestations et 265 condamnés.

L’Organisation mondiale contre la torture (Omct) et la Ligue tchadienne des droits de l’homme (Ltdh) ont établi que la répression des manifestations du 20 octobre 2022 par les autorités tchadiennes s’est soldée par la mort de 218 personnes, des dizaines de torturés, des centaines de blessés, au moins 40 cas de disparitions et 1300 arrestations.

Malgré ce bilan, la justice n’est toujours pas faite. Et pis, les probables exécuteurs et commanditaires de ces exactions sont amnistiés suite aux accords de principe de Kinshasa. La justice pour les victimes ne fera pas, du moins, tant que le régime en place restera.