Dans son rapport ‘‘Baromètre de la démocratie en Afrique centrale’’, le mouvement Tournons la page, égraine les maux qui minent la démocratie au Tchad, notamment l’accès à la justice, la liberté de la presse, l’accès à l’internet, la corruption…
Selon la campagne Tournons la page, l’accès à la justice est entravé par la corruption ainsi que les inégalités socio-économiques et territoriales. « Les institutions judiciaires sont souvent éloignées des zones rurales, et le manque de ressources limite l’accès à la justice. Les femmes et les minorités ethniques rencontrent des difficultés accrues pour accéder à la justice, dans un contexte de corruption endémique au sein de l’appareil judiciaire tchadien », indique le rapport.
Sur la Liberté de la presse, le rapport estime que malgré une relative liberté des médias dans leur ligne éditoriale, les critiques hostiles au pouvoir ne sont pas tolérées par les autorités. « Les journalistes peuvent faire l’objet d’arrestations arbitraires et être placés en détention voire soumis à des peines d’emprisonnement », ajoute Tournons la page. Selon ce rapport, le marché publicitaire restreint et les coûts opérationnels élevés favorisent la précarité du secteur médiatique. « Les médias sont contraints d’adopter une posture complaisante à l’égard des autorités afin d’assurer leur survie économique. L’instabilité politique a servi de prétexte au gouvernement de transition pour accroître un contrôle sur la société civile et les médias, avec l’idée qu’il faut protéger le pays en évitant les supposés discours de haine, et en privilégiant des discours sur la paix », déplore Tournons la page.
Accès à internet et la corruption
« Le Tchad est le champion d’Afrique des coupures internet », estime le rapport de Tournons la page. Selon le document, « des coupures d’internet sont souvent observées pendant les élections, sauf étonnement dans les dernières élections en 2024, le gouvernement avait déjà bloqué les réseaux sociaux pendant 470 jours en 2018-2019. Le taux de pénétration d’Internet au Tchad est l’un des plus bas de la région, à 22.5% ».
Le document rapporte que les indicateurs de l’IDEA reflètent des niveaux très bas de gouvernance représentative et de droits fondamentaux, avec une administration gouvernementale caractérisée par la corruption et le manque de transparence. « Le Tchad, avec un score de 20/100 (162ème sur 180 pays) selon l’Indice de Perception de la Corruption, figure parmi les pays les plus corrompus au monde. La corruption est omniprésente dans toutes les sphères de la vie publique, et les mécanismes de lutte contre la corruption sont inefficaces », ajoute Tournons la page.
Le Tchad, selon le rapport, utilise fréquemment les mesures de sécurité pour contrôler la population et réprimer les opposants politiques. « Les interventions militaires et policières sont courantes, surtout lors des élections et des manifestations. Cette approche sécuritaire renforce l’autoritarisme et empêche la mise en place de réformes démocratiques », informe Tournons la page.
Inclusivité
Pour le mouvement Tournons la page, la participation politique des femmes au Tchad est inférieure aux normes internationales. « Malgré l’adoption en 2023 du premier plan d’action national pour renforcer le rôle des femmes dans les processus de paix et de sécurité, elles restent sous-représentées dans les instances politiques nationales et locales », déplore le document. « Les obstacles culturels et les violences basées sur le genre continuent de freiner l’engagement politique des femmes », ajoute le rapport.
Selon le rapport, la minorité Zaghawa, domine le champ politique depuis l’accession d’Idriss Déby Itno au pouvoir en 1991. « Les communautés originaires du sud se plaignent de cette domination acquise et maintenue par la force des armes ».
Nadjita Namlengar
