La saison des pluies s’est déjà installée au Tchad. Une période bien critique sur le plan sanitaire, car propice au paludisme.
Assis sur l’un des bancs de la salle d’attente du service des soins de l’hôpital de la liberté situé dans le 8èmearrondissement de la ville de N’Djamena, Simon Asrabé, la vingtaine, détenteur d’une cabine téléphonique, se repose après son traitement du jour contre le paludisme. « J’avais des frissons. 3 jours après j’ai fait une crise. J’ai été hospitalisé ici pendant une semaine. Actuellement, je suis toujours en convalescence, je suis venu ce matin faire les dernières injections », raconte-t-il.
En plus des coûts inhérents au traitement du paludisme, le jeune homme va perdre au moins 2 semaines de travail. Un manque à gagner pour lui. « Pour nous les ménages pauvres qui gagnons nos pains au jour le jour, le fait de rester plusieurs jours à la maison et de dépenser sans encaisser fait que nos fonds de commerce prennent un coup », se plaint-il.
Au Tchad, selon le programme national de lutte contre le paludisme (Pnlp), avec plus de 1 727 000 cas enregistrés en 2023 et 2 864 décès notifiés dans la même année, le paludisme continue d’être la première cause de morbidité et de mortalité au sein de la population.
Bien que le gouvernement s’est lancé sur la voie de l’élimination de la maladie dans le cadre de la stratégie techno mondiale de lutte contre le paludisme 2016-2030 et que , plusieurs interventions phares de la lutte contre le paludisme sont menées en faveur de la population notamment, la distribution de moustiquaires imprégnées d’insecticide de longue durée d’action et les campagnes de chimio prévention saisonnières du paludisme chez les enfants de moins de 5 ans, la maladie persiste et atteint des proportions inimaginables. Surtout en cette période de saison pluvieuse. « Nous sommes qu’au début de la saison des pluies et nous constatons déjà une recrudescence de cas de paludisme, notamment chez les enfants. Par exemple, la semaine passée nous avons enregistré près d’une cinquantaine de cas. La maladie étant plus virulente en cette saison, nous craignons d’être débordé par les malades », affirme une infirmière rencontrée au pavillon des urgences de l’hôpital la liberté.
D’après le Dr Djikoloum Severin, il y’a toujours une tendance à l’augmentation de cas de paludisme en saison pluvieuse. « Les inondations, mais également les nombreux bassins de rétention d’eau qui sont en train d’être créés un peu partout, qui ne respectent pas les normes constituent des nids pour les moustiques vecteurs du paludisme », explique-t-il.
Pour prévenir la pathologie, le médecin conseille à la population d’adopter les attitudes telles que, l’assainissement autour des maisons, l’utilisation des moustiquaires imprégnées et des produits répulsifs. « Aussitôt qu’une personne ressent les symptômes de la maladie, je lui recommande de se rendre immédiatement dans un centre de santé pour se faire dépister », ajoute-t-il.
Le professionnel de santé met également l’accent sur la sensibilisation de la population qui selon lui, n’adopte pas souvent les attitudes de préventions préconisées. « Jusqu’aujourd’hui on trouve encore certaines personnes qui n’acceptent pas de dormir sous une moustiquaire, préférant l’utiliser à d’autres fins. De même, pour ce qui est de la chimio prévention, on note un manque de suivi », souligne-t-il
Pour lutter contre le paludisme, l’engagement individuel et communautaire est nécessaire mais également un changement de perception vis-à-vis de la maladie devenue une fatalité chez les tchadiens.
Kedaï Edith