Les administrateurs poussent au soulèvement
La scène qui s’est passée à Pont Carol dans le Mayo Bébbi Est le 27 novembre dernier où plusieurs jeunes ont trouvé la mort et d’autres sont faits prisonniers suite à un scénario digne d’un film hollywoodien. Elle mérite qu’on en parle puisque la traque des jeunes de cette localité continue alors que les auteurs de ces fusillades meurtrières ne sont jamais inquiétés.
Cette situation complète la liste des scènes macabres que nos autorités administratives et militaires offrent en province, en foulant aux pieds la valeur humaine et celle de la démocratie que notre pays prétend en être. Les habitants de Kyabé, Miandoum et Doba portent encore les échardes du comportement despotiques des administrateurs qui agissent au nom de la République avec les moyens des contribuables Tchadiens. Pourtant, la liberté de manifester est garantie par notre Constitution et beaucoup d’autres instruments juridiques internationaux dont le Tchad en est signataire. Mais dans les autres villes du Tchad notamment celles du sud, souvent victimes de la barbarie des militaires et des administrateurs, ce principe semble reléguer au second rang. Il suffit d’être un sous-préfet, un préfet ou un gouverneur pour avoir droit de vie et de mort sur les administrés sans qu’on ne puisse être inquiété. Et quand des médias évoquent ces cas qui relèvent de la violation des droits de l’homme, ces mêmes administrateurs tombent à bras raccourci sur nos confrères des provinces. Malheureusement, c’est le spectacle que nous assistons au quotidien dans notre république bananière. Après le forfait de ces hommes en mission commandée, on verse des larmes de crocodile en remettant, aux plus chanceux, une enveloppe comme si la vie humaine a un prix quand ce ne sont pas les fils de la région, des politiciens le souvent, n’accourent pas pour défendre les leurs, mais tenter de sauver la mise à une administration qui massacre leurs parents.
En vérité, la vie d’un peuple ne peut en aucun cas être sacrifiée sur l’autel des intérêts égoïstes dans le seul but de plaire à un régime qui d’ailleurs, a montré ses limites dans la bonne gouvernance et la démocratie.
Ce qu’il faut, et le rapport du comité technique d’appui à la reforme l’a soulevé après tant d’autres, c’est de remettre à l’administration territoriale ses lettres de noblesses. Il faut remettre ce corps aux professionnels qui d’ailleurs ne manquent pas. A l’analyse, les gouverneurs, préfets et sous-préfets à l’origine de ces agissements ne sont pas du corps. Pire, certains sont analphabètes dans les deux langues de travail du pays. Ce sont ces évènements qui sont à l’origine des frustrations et peuvent occasionner des soulèvements. On ne peut pas tuer indéfiniment un peuple. Il faut dégager ces administrateurs avant qu’ils ne se fassent dégarer !
Rédaction