Ils sont peu nombreux à avoir perçu la finesse du discours de l’Ambassadeur Mahamat Saleh Annadif. Ayant demandé à être déchargé de ses fonctions de chef de la diplomatie, le vieux routier a confié à son successeur qu’à son avis, il était le mieux placé pour le job. Ce qui parait dès l’abord comme un compliment est en vérité plus profond de sens pour peu qu’on compare la personnalité des deux hommes. A la voix posée et au style fin du premier succède la truculence et la propension à la provocation voire l’injure. Commentaire désabusé d’un diplomate de métier au sujet de Abdéramane Koullamalah : « Il faudra le mettre sous surveillance, sinon il se mettra à parler aux diplomates comme il parle sur les réseaux sociaux et bonjour les dégâts… ». C’est dire aussi que malgré sa bonne volonté, MSA qui a quitté ses fonctions de haut diplomate onusien pour accourir au chevet du Tchad est arrivé à bout de patience et a préféré se mettre à côté…
Au-delà du cas Annadif, le casting du premier gouvernement de Allah-Maye Halina montre que le pouvoir a décidé de continuer avec le même attelage, faute d’avoir obtenu la caution des Transformateurs qu’il voulait réduire à un rôle de simple caution (Lire Indiscrets). Certains alliés bienheureux ont pu attraper un strapontin alors que la plupart des deux cents partis politiques et le millier d’associations en sont à se demander à quelle sauce ils seront mangés. La redistribution va continuer à différents niveaux dans l’administration publique, les organismes sous tutelles et les entreprises publiques. Reprendra alors la gabegie, chacun voulant se servir sur la bête pour les efforts consentis lors de la campagne même si l’on sait à quel niveau le rejet du système a été massif.
Sans douter de ses compétences, le chef du gouvernement aura cependant du mal a manager une équipe dont il n’est pas, pour sûr, à la base du choix. Bonjour les insubordinations et autres couleuvres à avaler quand on sait que certains ministres n’auront pas besoin de lui pour traiter certains dossiers.
Il ne fut donc rien attendre de nouveau sous ce soleil du Tchad. La gouvernance qui est martyrisée depuis trois ans ira en se dégradant parce qu’on aura fait semblant de faire du neuf avec du vieux. L’eau, l’électricité, la bonne éducation et la santé pour les fils du Tchad ? Il ne faut pas rêver.
La Rédaction