Opinion

Crimes coloniaux au Tchad et en Afrique, comprendre le mutisme des dirigeants

Crimes coloniaux au Tchad et en Afrique, comprendre le mutisme des dirigeants 1

La colonisation française au Tchad a été une période de souffrance pour les  »indigenes » (autochtones) qui n’ont subi que corvée et humiliation. Aujourd’hui encore, des actes commis par les troupes françaises stationnées dans quelques ville du pays ressemblent à s’y méprendre aux crimes crapuleux d’antan. Malheureusement, face à ces agissements, les dirigeants restent muets pendant que les militaires français s’en donnent à coeur joie.

Les Tchadiens n’ont pas oublié ce que la colonisation française a infligé à leurs ancêtres. Les souffrances causées au peuple tchadien pendant la période coloniale, au cours de laquelle les crimes les plus odieux ont été commis sont restées indélébiles. A titre illustratif,le massacre à la machette commis dans la ville d’Abéché en 1917. En cette année-là, plus de 400 maîtres coraniques furent décapités à l’aide des couperets. Cet acte demeure à ce jour, la principale raison de l’effacement de la religion islamique et de l’identité tchadienne et de la propagation de l’ignorance dans le pays.

Plus d’un siècle après,les Tchadiens de cette partie du pays ne sont toujours pas en odeur de sainteté avec l’ex colonisateur français et sont hostiles à la présence française dans le pays. Ce sentiment anti-français fut exprimé à travers de nombreuses manifestations ces dernières années. l’assassinat en septembre dernier, d’un jeune Tchadien par un militaire français dans la ville de Faya, au nord du pays et les manifestations qui s’en sont suivies reste un exemple de l’expression de la colère populaire vis à vis de l’hexagone.

Loin de s’arrêter, les crimes de l’armée française se poursuivent encore aujourd’hui dans le pays. La semaine dernière, un soldat français en poste à Abéché a tué une jeune Tchadienne de 16 ans après l’avoir violée.le cadavre de la victime a été retrouvé près de l’aéroport de la ville, à proximité de l’endroit où sont stationnées les forces françaises. Des témoins ont confirmé avoir vu la jeune fille avec un soldat français à bord d’un véhicule militaire appartenant aux forces françaises.

Deux jours plus tard, à N’Djamena cette foisci, un autre véhicule militaire appartenant aux forces françaises a renversé une femme enceinte âgée d’une trentaine d’années dans la rue Acyl Ahmat Akhabash, non loin de la Faculté des Sciences Exactes et Appliquées, dans la zone de la base militaire française Adji Kossei. La victime a perdu son fœtus et a subi de graves blessures et fractures dans plusieurs parties du corps, selon le rapport des médecins. Des témoins rapportent avoir vu le conducteur du véhicule militaire français dans un état d’ivresse extrême, ce qui lui aurait fait perdre le contrôle du volant.

Cependant,alors que les populations d’ Abéché et de N’Djamena attendent que les autorités tchadiennes prennent des mesures strictes contre les auteurs de ces actes odieux, le gouvernement tchadien reste incapable face à l’ex puissance colonisatrice. Le seul espoir du peuple tchadien pour se débarrasser de cette injustice restent la plateforme d’opposition Wakit Tamma, seule capable de lancer des appels à manifester pour mettre fin à la présence française dans le pays.

Par Sévérin Fouda, Historien Chercheur