Politique

Soins dans les structures sanitaires, pourquoi le privé attire ?

Soins dans les structures sanitaires, pourquoi le privé attire ? 1

Malgré une volonté politique d’humaniser les soins, plusieurs comportements gangrènent encore le système d’accueil et de prise en charge dans les hôpitaux publics au Tchad. Ce qui pousse de plus en plus les patients à se tourner vers les cliniques privées à la recherche d’une meilleure prise en charge, en dépit du coût élevé de leurs services.

Mauvais traitements infligés par les personnels chargés de l’accueil, exigence préalable du paiement avant toute prise en charge, même dans les services d’urgences, surfacturation, des malades séquestrés pour défaut de paiement, les hôpitaux publics enregistrent au quotidien des griefs récurrents émis par des patients et leurs proches déçus.  « Dans les hôpitaux publics, tu es bousculé, ignoré et parfois même insulté. S’ils voient même que tu veux mourir si tu ne sors pas l’argent, ils ne te soignent pas.  Et même quand tu payes, tu n’es pas mieux traité. Moi si j’avais le choix j’irai dans les cliniques, même si c’est cher, au moins la bas, je sais qu’on prendra mieux soins de moi », témoigne Tamara, commerçante au marché à mil.

Les relations tendues entre le personnel soignant et patients ou encore leurs proches sont légion dans les structures de santé publiques. Pour Mbaïam, enseignant, la socialisation des soins repris en cœur au ministère de la santé publique devrait quitter l’état de simple discours. « Ils ont parlé de soins gratuits pour certaines pathologies, mais la réalité semble être autre chose dans nos hôpitaux. Je me rappelle du premier accouchement de ma femme dans un centre de santé, après son accouchement au moment de partir, ils m’ont présenté une facture très salée. J’ai dit que pour l’instant je n’avais pas cette somme avec moi. Ils ont gardé ma femme prisonnière jusqu’à ce que je leur règle la facture. Il est bien vrai que la santé n’a pas de prix, mais dans nos structures sanitaires c’est du n’importe quoi, ils mettent l’argent avant les gens », se désole-t-il. Et d’ajouter, « Au moins dans les cliniques privées tu en as pour ton argent. Non seulement, le personnel est poli et l’accueil même qu’ils te réservent est à la hauteur ».

En manque de confiance en ces formations sanitaires d’état, les patients préfèrent les prestataires privés à leurs homologues du public, notamment parce que les professionnels de santé exerçant dans un cadre privé ont des qualités qui répondent plus aux besoins et aux demandes des patients.

Une perception différente pour certains, qui trouvent leur compte dans le public. «Je ne peux pas les juger car je pars rarement dans le privé. Moi les hôpitaux publics me satisfont. Généralement, dans le privé l’accueil est le meilleur, mais en ce qui concerne la qualité des soins, cela reste à démontrer. Et pour les traitements lourds, je trouve que les hôpitaux publics demeurent mieux équipés », fait savoir un patient rencontré à l’hôpital général de référence nationale.

Ces différents clichés loin d’être exhaustives prouvent à suffisance que le système d’accueil et de prise en charge dans nos hôpitaux publics sont écornés et interpellent le ministre de la Santé publique. Pourquoi ne pas organiser les états généraux de la santé pour pallier ces manquements.

 Kedaï Edith