Au-delà du coup de sang de son oncle Saleh Idriss Déby, le président de transition doit passer une véritable épreuve de force, d’ici la présidentielle pour asseoir sa légitimité s’il entend rester à la tête du Tchad à la fin de la transition.
Rien. Rien ne lui a été épargné depuis la nuit du 20 avril 2021 quand après moults tractations, l’armée a décidé de lui confier les rênes de la transition. Entre la fronde de ses frères, les rumeurs savamment distillées sur sa filiation, le Général Mahamat Idriss Déby Itno a fait face à de multiples épreuves de défiance qui ne sont pas prêts de finir.
La dernière est la démission avec fracas de son oncle, Saleh Déby Itno du Mouvement patriotique du salut (Mps) pour rejoindre celui de son parent Yaya Dillo Betchi. Le parti socialiste sans frontière (Psf) faut-il le rappeler est à l’origine du crime de lèse-majesté qui a provoqué l’attaque au char d’assaut du domicile de Yaya Dillo en février 2021 entrainant plusieurs morts. L’affaire a été réglée depuis en famille sans avoir cimenté les liens puisque depuis le début de la transition, des schismes et non des moindres sont apparus même s’ils ne sont pas toujours visibles.
Une des grosses équations que le président de transition peine à régler est la réforme de la direction générale de service de sécurité des institutions de l’Etat (Dgssie). Depuis son arrivée au pouvoir, le président manœuvre par petites touches pour affaiblir cette armée dans l’armée, sans y arriver. La récente création d’une unité d’élite qui devrait récupérer la crème en matière de sécurité bute face à la résistance des vieux grognards qui savent que sans leur puissance de feu, ils n’auront plus aucune influence. Cette recomposition se joue sur un fond de rivalité gorane-zagawa. Ces derniers accusant le président de pencher pour les premiers.
De bonnes sources, le dernier mariage du président avec la fille du grand-frère de son père participe d’une tentative d’apaisement. Pendant son long séjour dans le fief familial d’Amdjarass, Mahamat Idriss Déby Itno aurait essayé d’arrondir les angles. Y est-il parvenu ? Rien n’est moins sûr.
D’ici la présidentielle qu’on le soupçonne de vouloir précipiter, le président de transition doit remporter des batailles au sein de sa famille biologique pour pouvoir endosser la tunique de chef de communauté. Il en a les moyens. En aurait-il l’habilité politique ? That’s question.
La Rédaction