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N’Djamena : le mauvais état des minibus et taxis inquiète

N’Djamena : le mauvais état des minibus et taxis inquiète 1

Le 1er avril 2019, Saleh Abdelaziz Damane, maire de la ville de N’Djamena à l’époque,  par une note officielle  No 008/M/DC/SCP/2019, a strictement interdit la circulation des taxis et minibus en mauvais état  dans la  cité capitale. Des années après, cette décision semble être tombée à l’eau et la situation demeure la même. Pour se déplacer, les n’djamenois empruntent toujours ces mêmes épaves qui circulent au vu et au su des autorités de la ville.

Le transport en commun dans la  ville de N’Djamena est très mal organisé. Au niveau des taxis et minibus (cars), principaux moyens de transport, il y a un laisser-aller et les conducteurs et propriétaires de ces véhicules n’en font qu’à leur tête.

Ces engins utiles pour la population, par ce que, permettant les déplacements entre la ville et les périphériques s’avèrent être un  danger pour la population. La plupart étant  dans un  état de délabrement indescriptible.

Certains de ces véhicules roulent avec des moteurs fatigués qui dégagent de la fumée  tout le long de leur sillage polluant l’environnement et gênant les autres usagers de la route. Pire, certains  manquent de portières, d’autres n’ont pas de pare –brise,  de phares ou de  rétroviseurs.

Au niveau de l’habitacle, il n’y a aucun confort. Des sièges sans éponges laissant les fers exposés qui blessent  les usagers ou déchirent leurs habits à chaque fois. « Un jour, j’ai porté un complet neuf, je suis monté de Dembé à Atrone. En voulant descendre, un bout de ferraille a accroché mon pantalon et l’a déchiré. Depuis lors, je préfère marcher à pied », témoigne Antoine, un usager. Les pare-chocs  quant à eux, sont souvent attachés avec des cordes ou des élastiques. C’est suite à ce constat de conditions inquiétantes que la municipalité en date du 1er avril 2019, a décidé de mettre aux arrêts tous les véhicules de transport en commun ne répondant pas aux normes( note officielle  No 008/M/DC/SCP/2019 de la mairie de N’Djamena).

La réalité sur le terrain

En ce mardi 16 janvier 2024, nous avons décidé de faire un tour dans quelques points d’arrêts des minibus ou « cars »  de la ville de N’Djamena pour le constat. A Gassi, Palmal, Amtoukoui, Diguel, Boutalbagar, Ngueli, koudoul etc. les conditions sont les mêmes. Les passagers sont entassés jusqu’à 4 voire 5 sur le même siège et les prix de transport varient entre 100f ; 250f voire 500f selon la distance et les quartiers.  Indignés, certains usagers pointe du doigt le laxisme des autorités. Les bonnes lois sont prises au Tchad mais leur application qui cause de problème disent-ils en substance. « On est au Tchad, ils sont dans leur bureaux et prennent des décisions qui sont, en passant bonne parfois  mais, qui les appliques sur le terrain ? » s’interroge Arnaud, tout pressé pour monter dans le bus stationné au rond-point 10 octobre.

Plus loin, Issa Adoum, pense que le mauvais état des minibus est à l’origine des accidents de circulation «  Ces minibus  sont en partie, l’une des causes des accidents routiers et la dégradation de l’environnement  dans la ville clamée vitrine de l’Afrique centrale », affirme-t-il.

Face à cette dure réalité, de nombreux habitants des quartiers reculés comme Dinyo,Toukra,Walia, Digangali et autres, ne disposant pas d’autres moyens de déplacements ,n’ont pas d’autres choix que d’ emprunter ces flottes vieillissantes , seuls moyens de transport  pour  rallier le centre-ville aux périphériques, leurs différents lieux de travail ou pour les déplacements ordinaires. « Malgré leur état de vieillissement,  c’est grâce à leur service rendu que je me déplace quotidiennement pour le marché, je ne  peux pas m’y rendre à pied » déclare Martine, commerçante au marché de Dembé   et habitant le quartier Dinyo.

Pour les conducteurs de ces « cercueils roulants », c’est  l’état de dégradation des  routes qui ne leurs permettent pas de bien entretenir leurs véhicules, car  pour eux, N’Djamena est une ville très pauvre en infrastructures routières. « On est aussi confronté aux difficultés avec nos bus et l’état de dégradation des routes»,affirme Moussa l’un des chauffeurs de minibus en direction de Digo avant d’ajouter que «  nous  ne pouvons  pas circuler une semaine sans pouvoir changer les pièces de nos véhicules à cause des routes  avilissantes de cette ville ».

Même si la capitale tchadienne est une ville  très pauvre en infrastructures routières, le gouvernement doit  revoir la décision prise en 2019, interdisant la circulation de «  ces cercueils roulants », cause des malheurs des citadins afin d’assurer la sécurité des N’Djamenois.Les  autorités de la ville doivent faire appliquer les lois prises pour le bien être de tous et intervenir pour améliorer le secteur de transport urbain en prenant l’exemple de la ville de Dakar au Sénégal, qui vient d’inaugurer son circuit de transport rapide, ou de  la ville de Kigali au Rwanda  souvent citée en matière de transport en commun car la vie de sa population en dépend.

Ngonmba Gloria