Afflux des réfugiés soudanais à l’Est du pays, résurgence des épidémies de poliomyélite, rougeole, 2023 n’a pas du tout été une année de tout repos pour le secteur sanitaire.
Débuté le 15 avril 2023, le conflit armé au Soudan, a occasionné un afflux important de réfugiés sur le territoire tchadien notamment dans l’Est du pays. Actuellement plus de 2 millions de personnes y compris la population hôte sont touchées par cette crise et ont besoins d’une aide humanitaire et sanitaire de toute urgence. Et bien que, le Tchad ait mis en place, un plan de réponse aux urgences sanitaires pour la gestion de la crise, l’impact de l’afflux de ces réfugiés est ressenti par le système de santé et a nécessité une riposte robuste. C’est dans cette optique que, le président de transition Mahamat Idriss Deby a lancé le 28 juin 2023, à l’occasion de la fête de la Tabaski, un appel à la communauté internationale afin d’appuyer le Tchad, « à faire face à ce drame ».
Mortalité maternelle, malnutrition sans fin
Avec 860 décès maternels pour 100 000 naissances vivantes, le Tchad affiche l’un des pires taux de mortalité maternelle au monde. Si en 2023, un rapport des Nations Unies prévoit des progrès dans la réduction de ce fléau, l’objectif semble difficile à atteindre pour le Tchad. Et la question que l’on se pose est de savoir si le gouvernement n’accorde pas des moyens assez conséquents pour le stopper ? A l’analyse, ce sont plutôt la malgouvernance et l’absence de sérieux dans la mise en œuvre des programmes qui en sont la cause.
En plus de la mortalité maternelle, l’une des calamités qui malmène toujours fortement le système sanitaire depuis des décennies est la malnutrition. Les résultats de l’enquête nationale de nutrition Smart réalisée en 2022 ont démontré que sur le plan national, la malnutrition aigüe globale est estimée à 8,6%. Cette prévalence est en dessous du seuil élevé de 10%, fixé par l’organisation mondiale de la santé. Ce qui prouve que des progrès énormes restent encore à faire.
Rougeole, poliomyélite et rebelote !
La situation sanitaire cette année, a été caractérisée par une morbidité et une mortalité élevée, due aux épidémies parmi lesquelles celles de la rougeole et de la poliomyélite. D’après les chiffres de l’organisation mondiale de la santé, 604 cas positifs de rougeole ont été enregistrés en 2023, avec 6 décès dont 4 dans la ville de Ndjamena et au courant de l’année, 8 cas de poliomyélite répartis dans 14 provinces ont été notifiés. Pour faire face à cette résurgence, le ministère de la santé et ses partenaires ont organisés plusieurs campagnes de riposte. Ce qui a permis de vacciner dans l’année, au moins 4 millions d’enfants âgés de 6 mois à 9 ans.
L’arrivée d’une nouvelle épidémie a aussi marquée l’année 2023 au Tchad, celle de la Dengue. Le 15 aout 2023, le ministère de la santé a déclaré une flambée épidémique de Dengue jamais signalé au pays, dans trois provinces (Ouaddai, Wadi-fira et N’Djamena). Au total 41 cas ont été signalés et 1 décès enregistré. Aussitôt signalé, un plan de riposte a été mis en place par le Gouvernement pour interrompre la chaine de transmission de la maladie.
Deux bébés siamois séparés
2023 a également été marquée par des évènements exceptionnels tels que, la séparation réussie de deux bébés siamois le 21 juillet 2023 par une équipe médical de l’hôpital de la mère et de l’enfant. Cette première intervention du genre réalisée au Tchad, historique pour la communauté médicale tchadienne, a permis de mettre en exergue les capacités de ceux-ci.
Le système sanitaire du Tchad s’est enrichi en 2023 de deux joyaux architecturaux qui augmentent la capacité d’acceuil. Le premier, un pavillon d’urgences inauguré le 28 novembre 2023 au centre hospitalier universitaire de référence nationale doté d’appareils de dernier cri pour améliorer la qualité des soins et le second est le service cardiologie et de l’unité de soins intensifs cardiologiques doté d’appareils ultra modernes et d’une capacité de 240 lits, inauguré le 29 novembre 2023, au centre hospitalier universitaire la Renaissance permettra de prendre en charge les maladies cardiovasculaires et les séjours les plus complexes ainsi que les interventions les plus délicates.
Pour l’année 2024, avec un budget en hausse de plus de 55%, le ministère de la santé est particulièrement attendu sur l’amélioration des plateaux techniques de son système sanitaire, de ses services dans les établissements hospitaliers publics et sur un traitement juste et décent de ces agents
Kedaï Edith