La ville de Mao, chef-lieu du Kanem, qui a vu naitre la 1ère école tchadienne en 1911, dispose d’une bibliothèque située dans l’enceinte du Centre de lecture et d’animation culturelle, Clac. Un tour du côté de ce centre nous a permis de rencontrer le bibliothécaire et de nous rendre compte que contrairement à ceux des autres villes du Tchad, les jeunes de Mao aiment la lecture mais malheureusement, leur bibliothèque n’est pas garnie. Les rayons sont vides
La bibliothèque du Clac de Mao est une pièce modeste. Dès l’entrée, assis devant un ordinateur, Bruno Madé le bibliothécaire est affairé, soucieux de servir ses abonnés, debout, en face de lui, qui attendent patiemment d’être servis. Ce travail, il le fait depuis quelques années. « Je suis le bibliothécaire du Clac et je suis à Mao depuis 4 ans déjà », introduit il avant d’éclairer : « la bibliothèque du Clac est publique. Nous enregistrons une fréquentation assidue des élèves et des adultes. L’accès est gratuit pour tout le monde. L’abonnement est gratuit. Il suffit seulement de venir avec une pièce d’identité pour s’abonner », détaille Bruno Madé qui situe les conditions : « On peut lire sur place et il y a des prêts de livres pour une semaine renouvelable une seule fois », confie le jeune bibliothécaire. Parlant chiffres, « pour cette année, nous avons reçu 667 abonnés (Ndlr : chiffres datant du 28 d’août 2023).Nous espérons qu’à la fin de l’année, nous atteindrons sinon dépasserons le nombre de l’année dernière qui est de 1040 abonnés », espère Bruno Madé qui pointant des jeunes de 13-14 ans attablés les nez dans les livres, lance : « La population de Mao aime lire tel que vous pouvez le constater ». Mais, poursuit-il, « nos difficultés sont énormes ! Comme c’est une bibliothèque publique, c’est la francophonie qui nous envoie la dotation or la francophonie fait beaucoup plus la promotion de la langue française. Ce qui fait que nous ne recevons que des livres en français mais pas des livres qui sont au programme de l’école tchadienne, ceux-là même qui constituent le gros lot de la demande de nos usagers », regrette le bibliothécaire.
S’agissant de l’Etat tchadien, il a envoyé du personnel au Clac, mais en ce qui concerne les livres, aucun document n’a été remis à ce lieu de savoir. Abdoulaye Malla, un des abonnés présents sur les lieux, souhaite que « les ministères de l’éducation et celui de la culture conjuguent leurs efforts pour nous faire parvenir des livres tchadiens et ceux qu’utilisent nos enfants à l’école. Brandissant un vieux numéro de votre hebdomadaire datant de 2017, il lâche : « Vous voyez, même les journaux tchadiens ne nous parviennent pas, et c’est dommage », se désole-t-il.
Abgué Boukar Christophe