Amnesty international publie le rapport sur le Tchad
Le bureau régional de l’Afrique de l’Ouest et du Centre d’Amnesty International a présenté ce mercredi 14 septembre 2017 au Cefod, le rapport relatif à la violation des Droits de l’Homme au Tchad, intitulé ‘’ Entre récession et répression. Selon ce rapport, les manifestations pacifiques sont interdites au Tchad, la justice est devenue un appareil de persécution, la liberté d’association et le droit de s’organiser sont restreintes et les actes d’intimidation et de surveillance sont monnaie courante.
Ce document rend compte de la manière dont les autorités réagissent le mécontentement de la population ces dernières années, notamment en restreignant les droits à la liberté d’expression, d’association et de réunion. Le directeur du programme Afrique de l’Ouest et centrale d’Amnesty International, Alioune Tine salue le courage des militants qui luttent contre l’injustice et mènent des actions pacifiques pour l’amélioration des droits humains au Tchad. « les autorités tchadiennes sont particulièrement promptes à instaurer des lois et des règlements qui suppriment le droit de manifester, à placer les militants sous surveillance et à leur faire subir l’harcèlement, les menaces et agressions physiques », affirme Alioune Tine.
L’agence nationale de sécurité du Tchad et les forces de sécurité sont pointées du doigt. « Les forces de sécurité et les services de renseignement conduisent une répression brutale, qui expose les personnes critiquant le régime à un danger grandissant depuis deux ans et menacent désormais de faire tomber le pays dans une période sombre », précise le directeur régional Afrique de l’Ouest et Centrale. Pour lui, l’Ans qui orchestre en grande partie la répression arrête et détient illégalement des personnes dans les lieux non officiels où elles étaient coupées de leur famille et de leur avocat. « Ce sinistre rôle met en lumière le fait que l’Ans peut, sans aucune surveillance, réprimer les défenseurs des droits humains », ajoute-t-il. Il interpelle les autorités à recadrer le pouvoir de cette agence de sécurité. « Cela doit cesser », martèle Alioune Tine avant de souligner que : « Les autorités doivent établir une chaine de responsabilité claire au sein de l’Ans et veiller à son contrôle par une instance judiciaire ».
L’arrestation du militant en ligne Tadjadine Mahamat Babouri arrêté le 30 septembre 2016 pour avoir diffusé les vidéos dénonçant la mauvaise gestion des fonds publics et la condamnation à deux ans d’emprisonnement pour outrage au magistrat de notre confrère Beindé Bessané Sylver de la radio communautaire Al Nada de Moundou le 20 juin dernier ne sont pas perdu de vu. Selon ce rapport, plus de une soixantaine d’associations s’est vue refuser l’autorisation d’organiser des manifestations en deux ans. Rien qu’en 2016, le gouvernement a pris plus de 13 décrets interdisant des manifestations pacifiques et une dizaine de 10 sites internet jugés critiques au régime sont bloqués.
De ce fait, il appelle à la modification des lois restrictives des libertés publics, à reformation de l’Ans et à la libérer immédiate et sans condition de tous les prisonniers d’opinion.
Ngueasnan Elysée