Le Tchad a été certifié exempt du Poliovirus Sauvage (Pvs) comme tous les pays d’Afrique, le 25 août 2022. Néanmoins, d’après la délégation sanitaire de N’Djamena, des souches dérivées de poliovirus circulent toujours. De 2022 à 2023, 72 cas de polio virus dérivés sur des cas de paralysie répartis dans 14 provinces ont été notifiés au pays.
« Raideurs au niveau de la nuque, muscle flasque et souple sur toute la longueur de la jambe gauche, vomissements, maux de tête, fièvre », cela fait quelques semaines, que Timothée âgé de 18 mois à ces symptômes. Inquiète de ce changement, sa maman l’a emmené ce 23 juin 2023, au centre de santé de Madjioro dans le 1er arrondissement de la ville de N’Djamena. « Il a des difficultés à marché, il traine son pied gauche, son corps est chaud, il refuse de manger et pleure beaucoup la nuit », explique-t-elle.
Après avoir pris les constantes de son fils chez une infirmière, la maman de Timothée, doit patienter une quarantaine de minute avant de rencontrer le responsable du centre de santé pour une consultation. Mais tout d’abord, celui-ci vérifie la carte de vaccination de l’enfant qui révèle qu’il a manqué deux rendez-vous de vaccination de routine. « La Paralysie flasque aigüe que l’on observe au niveau de la jambe droite est un symptôme qui fait systématiquement penser à la Poliomyélite. Et, le fait qu’il a manqué des rendez-vous de vaccination, l’expose encore plus à cette maladie », informe le responsable du centre.
Cependant, pour être rassuré du diagnostic, une analyse des selles du petit Timothée au laboratoire est nécessaire. « C’est bien vrai qu’il a tous les symptômes, de la polio. Cependant, toutes les Paralysies flasques aigües ne sont pas dues à la maladie. Une analyse en laboratoire est obligatoire pour statuer sur ce type de diagnostic », explique le responsable du centre.
Quelques heures plus tard, les résultats du laboratoire viennent confirmer le diagnostic, l’enfant est atteint d’un cas de poliovirus dérivé de souche vaccinale de type2.
Comme la plupart des quartiers périphériques de la ville de N’Djamena, le quartier Madjioro, n’a pas encore reçu de cadre d’assainissement convenable. De nombreux toilettes dans les concessions sont construites à ciel ouvert, sans système d’évacuation. « La poliomyélite est une maladie virale très contagieuse qui se transmet d’un individu à un autre, quand l’on met à la bouche les doigts souillés par les selles d’une personne infectée ou quelquefois en buvant de l’eau ou mangeant de la nourriture contaminée. Il se multiplie dans l’intestin avant d’envahir le système nerveux provoquant une paralysie », explique le Dr Daïba médecin chef de l’hôpital de Toukra avant de poursuivre que, « dans les quartiers périphériques, non seulement l’immunité collective est faible, mais en plus, les conditions d’hygiène et d’assainissement sont des vecteurs de certaines maladies d’origine hydriques comme la poliomyélite ».
Selon le représentant du fonds des nations unies pour l’enfance (Unicef) au Tchad Jacques Boyer, la poliomyélite n’apparait que dans les communautés sous-immunisées. « Ce qui est l’une des raisons pour laquelle la vaccination de chaque enfant est très importante. Si toutes les communautés sont entièrement vaccinées, cela aide à se protéger du virus de la polio », fait-il savoir.
A la fin de l’année 2022 au total 64 cas de polio virus dérivés sur des cas de paralysie et en 2023, 8 cas répartis dans 14 régions du Tchad ont été enregistrés. À N’Djamena, d’après la délégation sanitaire,10 cas de poliovirus dérivés sur des cas de paralysies et un cas environnemental (virus de la polio retrouvé via les eaux des égouts) ont été notifiés. « Ces cas sont répartis entre les districts de N’Djaména Est, Centre et Nord. Les districts de N’Djaména Est et Centre sont les plus touchés avec 4 cas chacun. Dans le district de N’Djaména Nord, 1 cas est notifié. Le cas environnemental quant à lui a été identifié dans le district de N’Djaména Centre », révèle la secrétaire générale du ministre de la santé publique et de la prévention Dabsou Guidaoussou
Avec cette résurgence de cas de poliovirus dérivés, le ministère de la santé publique et de la prévention appuyé par ses partenaires à organiser au début de l’année 2023, une série de campagne de riposte avec des journées locales de vaccination. La dernière campagne de riposte qui s’est déroulée du 26 au 28 mai et du 16 au 18 juin 2023 dans tous le pays, a ciblé environ 5.000.0000 et à contribuer à renforcer l’immunité globale des enfants de 0 à 5 ans, y compris ceux des zones d’accès difficiles, des zones frontalières, insulaires et dans les camps des réfugiés et déplacés.
Kedaï Edith