Le Premier ministre de transition, Saleh kebzabo a fait, ce samedi 24 juin 2023 au ministère des Affaires étrangères, une communication à l’attention des diplomates, représentants des organisations internationales. Cette communication est axée sur la crise qui prévaut au Soudan et ses conséquences sur le Tchad, notamment l’afflux des réfugiés.
Saleh Kebzabo rappelle qu’au nord-ouest, « le Tchad compte plusieurs milliers de déplacés et des réfugiés fuyant les exactions de la nébuleuse Boko-Haram. Au sud, la crise politique en République Centrafricaine, particulièrement celle de 2013, a entrainé l’enregistrement d’un nombre important de réfugiés installés dans différents sites sur le territoire national. A l’ouest, à la suite d’un conflit intercommunautaire, des réfugiés camerounais sont accueillis depuis plus d’un an aux côtés des populations sœurs du Tchad. A l’est, le Tchad accueille, en ce moment, plus de quatre cent mille (400.000) réfugiés soudanais. S’ajoute à ce chiffre sous-évalué, le nombre massif des déplacés internes dont les terres arables et les sites sûrs de pâturage se retrouvent occupés ou menacés d’occupation ».
Selon le Premier ministre, son gouvernement est très préoccupé par la situation politique qui prévaut depuis quelques mois au Soudan voisin dont les ramifications frappent le Tchad de plein fouet. « Depuis le début de la crise en République sœur du Soudan, vous avez tous été témoins des efforts faits, des initiatives prises par le Président de transition, en sa qualité de médiateur Et membre du Groupe International des pays voisins du Soudan, pour maintenir le dialogue, l’entente et la concorde entre les deux acteurs majeurs de cette crise lesquels acteurs ont été tous reçus, tour à tour, ici à N’Djamena malheureusement, les efforts du Président de Transition n’ont pas produit des effets escomptés », déplore Saleh Kebzabo.
Pour Saleh Kebzabo, malgré les efforts que le Tchad a consentis tant dans le cadre bilatéral que régional, la crise n’a pu être évitée par les deux belligérants entrainant des milliers de pertes en vies humaines, l’afflux des réfugiés, la destruction d’un État et des conséquences néfastes sur les économies des pays voisins de plus en plus fragilisés. « Des milliers de soudanais ont perdu leurs vies et leurs biens tandis que des milliers d’autres sont poussés à trouver refuge ailleurs. Des dizaines de milliers d’autres sont pris au piège à l’intérieur du pays et craignent pour leurs vies. Ces victimes civiles innocentes vivent un véritable drame aux conséquences incommensurables pour le Soudan », informe le Premier ministre pour qui, les provinces de l’Ennedi-est, du Ouaddaï et du Dar Sila sont en ce moment submergées par les réfugiés soudanais.
« Comme vous le constatez et en dépit de ses ressources limitées, le Gouvernement tchadien a assumé les responsabilités qui sont les siennes, avec promptitude et efficacité », rappelle Saleh Kebzabo. Il ajoute que son gouvernement ayant mesuré avec préoccupation la gravité de la situation au niveau humanitaire avait alerté les partenaires financiers, les agences humanitaires et le groupe des amis du Tchad aux fins d’anticiper la gestion des réfugiés. « Hélas, la mobilisation de la communauté internationale face au drame Humanitaire et à la détresse que vivent nos frères et sœurs réfugiés Soudanais n’est pas à la hauteur de la mobilisation observée sous d’autres cieux, laissant le Tchad Face à l’accueil des réfugiés en épuisant au maximum ses ressources propres », déplore le Premier ministre.
Pour le Saleh Kebzabo, le Tchad qui est devenu un carrefour ou le refuge en pareille situation, « s’expose de plus en plus à des crises internes liées à la rareté de ses ressources et pourraient mettre à mal ses engagements politiques en cette période de transition où les attentes sont très nombreuses ».
Tout en saluant les réactions de certaines organisations qui ont permis de parer au plus urgent, le Premier ministre craint que « la crise au Soudan perdure et avec elle, ses conséquences aussi bien sur les ressortissants soudanais, tchadiens que sur l’économie tchadienne ». Saleh Kebzabo sollicite l’appui et l’assistance technique et financière massive des Pays et organisations que vous représentez ici. « Il est plus urgent qu’une Conférence internationale ou une table ronde sur la mobilisation des fonds pour aider le Tchad à faire face aux multiples défis liés à la gestion des réfugiés en cette période de début des pluies soit convoquée », lance-t-il. « Sans votre solidarité et votre élan de cœur, le Tchad ne pourra pas supporter seul le poids de cette crise », ajoute le Premier ministre.
Nadjita Namlengar
