Selon le lexique le mot nationalisation désigne l’action de transférer à l’Etat ou à la nation la propriété des biens. Si la pratique existe, elle n’a plus court dans un monde moderne dominé par le capitalisme et le respect de la propriété privée.
Déjà le procédé en lui-même montre la légèreté avec laquelle Kaka et sa bande gèrent le pays. Comment un Etat qui compte autant de cadres peut se permettre d’ignorer qu’on ne nationalise pas par un décret mais une loi ? Le fait de poser deux actes en moins d’une semaine montre le niveau de la gouvernance de la transition.
Plus grave, le gouvernement devrait se rendre compte que ses agitations n’auront aucun effet sur le cours des choses puisque malgré l’expulsion des dirigeants de Savannah, l’entreprise britannique a commencé à encaisser la part d’ExxonMobil comme si de rien n’était…
C’est dire qu’à moins de fermer le pipeline et les installations de Komé, le gouvernement n’a que très peu de chances d’obtenir gain de cause dans cette bataille. Comme on le voit (lire P3), le protagoniste lui a si bien documenté sa démarche que l’argument de la non-information tombe de lui-même.
Et si c’est pour remettre ces actifs à une structure nationale, c’est la Société des hydrocarbures du Tchad (Sht), vache à lait de Idriss Youssouf Boy alias Makambo, de devrait bénéficier des actifs. On imagine alors aisément les dégâts.
Pour changer la nationalité d’une personne, on ne peut pas décider en un jour combien de fois les actifs d’une firme de cette envergure comme Esso. Le gouvernement ne peut pas se contenter de ces 40% des recettes qui devraient revenir au Tchad pour se noyer ainsi.
Et le risque de noyade est bien réel puisque Savannah qui a vivement réagit au processus de nationalisation promet de se battre jusqu’au bout pour entrer dans ses droits. Avec une première décision de justice favorable, il n’est pas à exclure que l’affaire se termine par des saisies des biens du Tchad à l’étranger. Une situation qui aura pour conséquence la dégradation du capital de confiance, déjà bien entamé, des investisseurs envers notre pays.
Le pouvoir ferait mieux de se concentrer sur la transition qui est du reste, déjà boiteuse que de se comporter comme s’il était un régime légitime. On ne s’en prend pas impunément aux lobbies pétroliers.
La rédaction