Dans un communiqué, rendu public ce mardi 29 novembre 2022, l’Unicef fait le bilan des trois dernières années sur la prévention et le traitement du vih chez les enfants, adolescents et les femmes enceintes.
Selon le communiqué, environ 110 000 enfants et adolescents (de 0 à 19 ans) sont morts de causes liées au sida en 2021, d’après le dernier aperçu mondial de l’Unicef sur l’épidémie de vih et de sida chez les enfants. Pendant cette période, 310 000 autres enfants et adolescents ont été nouvellement infectés, portant à 2,7 millions le nombre total de jeunes vivant avec le Vih .
À l’approche de la Journée mondiale du sida, l’Unicef lance un avertissement : la prévention et le traitement du Vih chez les enfants, les adolescents et les femmes enceintes ont quasiment cessé de progresser au cours des trois dernières années, de nombreuses régions n’étant pas revenues aux taux de couverture des services atteints avant la pandémie de Covid-19. Une situation qui s’ajoute à des disparités croissantes en matière de traitement entre les enfants et les adultes.
« Si la lutte contre le sida chez les enfants accuse un retard depuis longtemps par rapport aux adultes, la stagnation observée ces trois dernières années est sans précédent et expose un trop grand nombre de jeunes à un risque de maladie et de décès », explique Anurita Bains, Cheffe adjointe de la section Vih/sida à l’Unicef. Elle ajoute que « les enfants passent entre les mailles du filet parce que nous ne parvenons pas, collectivement, à les identifier, à les diagnostiquer et à leur administrer les traitements qui peuvent leur sauver la vie. Tant qu’aucun progrès ne sera accompli, chaque jour, plus de 300 enfants et adolescents continueront de perdre leur combat contre le sida »
D’après le communiqué, bien que les enfants et les adolescents ne représentent que 7 % du nombre total de personnes vivant avec le Vih, ils comptent néanmoins pour 17 % de l’ensemble des décès liés au sida et pour 21 % des nouvelles infections du vih en 2021. Tant que l’on ne remédiera pas aux causes de ces iniquités, avertit l’Unicef, la fin du sida chez les enfants et adolescents demeurera un rêve lointain.
Il ressort cependant de ce bilan que les tendances à plus long terme restent positives. « En effet, le nombre de nouveaux cas d’infection au Vih chez les plus jeunes (de 0 à 14 ans) a chuté de 52 % entre 2010 et 2021, et le nombre de nouveaux cas parmi les adolescents (de 15 à 19 ans) a également été réduit de 40 %. De même, le taux de couverture des traitements antirétroviraux à vie parmi les femmes enceintes vivant avec le Vih a augmenté, passant de 46 % à 81 % en 10 ans seulement »
Bien que le nombre total d’enfants vivant avec le VIH diminue, l’écart en matière de traitement entre les enfants et les adultes continue de se creuser. Dans les pays que l’Unicef considère comme prioritaires dans la lutte contre le Vih, alors que le taux de couverture des traitements antiviraux parmi les enfants s’élevait à 56% en 2020, il n’était plus que de 54% en 2021. Ce recul, dû à plusieurs facteurs, dont la pandémie de Covid-19 et d’autres crises mondiales, lesquelles ont aggravé l’exclusion et la pauvreté, traduit également un affaiblissement de la volonté politique et de la riposte au sida chez les enfants, précise le communiqué.
À l’échelle mondiale, le pourcentage d’enfants vivant avec le VIH qui ont accès à un traitement (52 %) est encore plus faible et n’a que légèrement augmenté au cours des dernières années. Parallèlement, le taux de couverture des traitements est plus élevé de 20 points de pourcentage chez les adultes vivant avec le VIH (76 %) que chez les enfants. Cet écart est encore plus important entre les enfants et les femmes enceintes vivant avec le VIH (81 %). Il est alarmant de constater que le pourcentage d’enfants âgés de 0 à 4 ans vivant avec le VIH et ne bénéficiant pas de traitements antiviraux a augmenté au cours des sept dernières années, pour atteindre 72 % en 2021, soit un niveau aussi élevé qu’en 2012, informe l’Unicef
Selon le communiqué, dans de nombreuses régions-l’Asie et le Pacifique, les Caraïbes, l’Afrique de l’Est et australe, l’Amérique latine, le Moyen-Orient et l’Afrique du Nord, et l’Afrique de l’Ouest et centrale, le taux de couverture des traitements chez les femmes enceintes ou qui allaitent a également chuté en 2020, ce recul s’étant poursuivi en 2021 en Asie et dans le Pacifique, ainsi qu’au Moyen-Orient et en Afrique du Nord. À l’exception de l’Afrique de l’Ouest et centrale, région où le taux de transmission de la mère à l’enfant reste le plus élevé, aucune des régions susmentionnées n’a retrouvé les niveaux de couverture atteints en 2019. Ces perturbations mettent en danger la vie des nouveau-nés. En 2021, plus de 75 000 enfants ont ainsi contracté le VIH car leurs mères n’avaient pu être diagnostiquées et entamer un traitement pendant leur grossesse.
Madeleine Ndjondang