L’ordre national des avocats du Tchad s’insurge contre le sort des manifestants arrêtés le 20 octobre et appelle à leur libération pour non-respect à la procédure. Le bâtonnier Me Djérandi Laguerre Dionro exige leur libération.
Au lendemain de l’arrestation de centaines de manifestants le 20 octobre dernier, les enlèvements vont crescendo jusqu’à ce jour et de nombreuses familles sont « dans le désarroi et l’amertume la plus totale ». « Pour se mettre un tant soit peu à l’abri et par instinct de survie, de nombreuses personnes parmi lesquelles certains avocats vivent en cachette, hors de leur domicile, craignant la chasse à l’homme. Des véhicules à vitre fumée et sans plaque d’immatriculation continuent à pulluler dans les villes et les quartiers », dénonce le bâtonnier Me Djérandi Laguerre Dionro pour qui la panique, la psychose et la peur restent très visibles et perceptibles dans le visage et la vie quotidienne de nombreux tchadiens.
L’ordre des avocats fustige la mise sur écoute des communications, le suivi des mouvements, les déplacements, le couvre-feu et autres entraves aux droits et libertés des citoyens. « Certains citoyens ont peur de formuler des critiques et exprimer des voix discordantes… L’espace d’expression citoyenne se rétrécit. Cette situation a conduit certains tchadiens à quitter pour des pays voisins…et d’autres envisagent ces mêmes processus », fulmine le bâtonnier qui appelle le gouvernement à veiller à la pleine jouissance de tous les droits et libertés. Il se dit par ailleurs surpris de « la sortie hâtive du Procureur de la République» qui a « collé des infractions avant toute enquête ou audition ». « Aussi curieux que cela puisse paraitre, il a été procédé (mission à Koro-Toro) à des enquêtes préliminaires, des déferrements, des qualifications d’infractions, des placements sous mandat de dépôt, d’ouverture d’instructions et d’éventuelles audiences. Tout cela s’est passé sans assistance d’avocats, mettant ainsi en cause le respect du droit de la défense et donc les garanties d’une bonne justice notamment le droit à un procès équitable », fustige le bâtonnier. Pour lui, tant la déportation des détenus à Koro Toro que celle des acteurs judiciaires eux-mêmes par la mission effectuée, posent problème sur le plan juridique. « La maison d’arrêt de Koro Toro dite de haute sécurité est destinée aux personnes condamnées. Mieux, elle ne relève pas du ressort du Tribunal de grande instance de N’Djamena. Aussi, il n’appartient pas à une autorité administrative d’envoyer des gens à la maison d’arrêt en détention préventive mais plutôt au magistrat », révèle Me Djerandi Laguerre Dionro qui dénonce une détention illégale et arbitraire au regard de la loi et exige la libération de tous les manifestants.
Stanyslas Asnan