Dans le milieu de l’art plastique au Tchad, on remarque une domination de la gent masculine. Rares sont les femmes qui évoluent dans ce cercle. A force d’insister, Ngamal Koumagoto dite « Ngam’s », est parvenue à y laisser son emprunte.
C’est par pur hasard qu’elle est arrivée à l’art. « Quand j’étais toute petite, j’aimais dessiner. C’est mon oncle qui m’a transmis ce virus. Il travaillait au centre d’artisanat de N’Djamena. Il lui arrive de travailler à la maison. Dès mon jeune âge, je m’intéressais à ce qu’il faisait. Je prenais ses outils de dessin et me mettais à griffonner. C’est comme cela que j’ai appris à faire des croquis et avec le temps, j’ai commencé à avoir la main », raconte Ngamal Komagoto.
Orientée ensuite vers le centre d’artisanat de N’Djamena où elle a eu une formation de 2000 à 2002, Ngamal Neloumta Koumagoto apprend de manière formelle le métier de peintre. Une fois son diplôme en main, elle crée en 2006 son propre atelier dans lequel, elle peint, fait de la sérigraphie, réalise les t-shirts, tableaux muraux cachets, banderoles etc. Cela continuera jusqu’en 2008 où elle s’en va au pays des hommes intègres (Burkina Faso) pour se parfaire. A Ouagadougou, elle s’inscrit à l’Inafac (Institut national de formation artistique et culturelle).
A la fin de cette formation, Ngamal revient au pays rouvrir son atelier où elle continue avec ses activités. Pour tenir, elle touche à tous les styles. « Ici au Tchad, le marché de l’art est difficile donc on est obligé de varier pour avoir de la clientèle », témoigne la fantaisiste. « Nous guettons aussi certains évènements comme les festivals pour exposer et espérer vendre quelques tableaux », ajoute-t-elle.
En plus de ses taches à l’atelier, cette mère de famille s’occupe de son foyer et assure l’éducation de sa progéniture. Depuis deux ans, en période de vacance, elle donne des formations à destination des jeunes de 5 à 17 ans histoire de transmettre son savoir aux plus jeunes. Cette année, ils sont une vingtaine d’apprenants qui s’active dans l’atelier «Ngam’s art», situé sur le boulevard Sao. « Nous avons fait beaucoup des réalisations avec les enfants. D’ici quelques jours, nous entendons faire une restitution de nos travaux. Cela permettra aux parents et au public de voir le résultat de leur travail », explique-t-elle.
L’artiste projette d’ouvrir un centre de formation pour les jeunes et lance un appel au ministère et aux Ongs pour soutenir l’art au féminin car dit-elle, « ce n’est pas facile, nous avons vraiment besoin d’appui pour mener à bien nos projet ».
Abgue Boukar Christophe