C’est acté. Gali Ngoté Gata sera le président du présidium du Dialogue national inclusif et souverain (Dnis). Le temps de laisser passer l’émotion, celui que les étudiants des années 1970 appellent « Camarade Gali» a tenu un discours séduisant, alternant l’arabe littéraire et le français dans une rhétorique qui montre qu’il a le niveau du poste.
Restaurer la justice, réparer les frustrations. C’est le résumé du premier discours de l’élu de Kyabé qui a mis dans la foulée, une commission ad hoc chargé de faire venir ou revenir les mécontents dans la salle du dialogue.
De Gali Ngoté Gata, les nouvelles générations ne savent que la sombre histoire du phacochère, dont il a été accusé de braconnage qui l’a conduit en prison. Nous sommes au début des années 2010 et le pouvoir lançait des jeunes loups qui voulaient prouver qu’eux aussi pouvaient se mouiller pour le grand manitou. Le brave Pierre échappera à leurs crocs et sera candidat à la présidence en 2016. C’était l’avant dernière bataille de ce vieux routier de la politique engagé dès les années 1970 dans le Front de libération nationale du Tchad (Frolinat). Proche de Goukouni, il revient au Tchad sous Hissein Habré et devient directeur à la Cotontchad. C’est de cette position qu’il complote contre le régime et se retrouve dans les geôles de la police politique du régime jusqu’au 1er décembre 1990.
Remis de ses dures conditions de détention, il crée l’Union des forces démocratiques-Parti Républicain et devient la bête noire du nouveau régime. Avec un discours engagé, il était dans les années 1992 le chouchou des étudiants qui scandaient avec lui le slogan emprunté à Victor Hugo, « ceux qui vivent, sont ceux qui luttent ». Piégé dans le gouvernement de transition qu’il a intégré en héritant du compliqué ministère de l’éducation nationale, sa côte de popularité chute notamment à cause de son impuissance face aux longues grèves qui mèneront le pays à une année blanche.
Ce qui n’empêchera pas au brave Gali de rebondir et se faire élire député avec toujours l’engagement de lutter contre l’injustice. En ces temps où le Tchad est à la croisée des chemins, Pierre Gali Ngoté Gata qui n’a jusque-là, pas gagné la bataille de l’histoire tient l’occasion de montrer le sens de son engagement et le combat politique qu’il mène depuis des décennies.
La Rédaction