Politique

Dnis : les premices de la crise

Dnis : les premices de la crise 1

Avant la mise en place d’un présidium ayant occasionné la colère de nombreux présidents des partis politiques de l’opposition, des associations de la société civile et des politico-militaires, l’observatoire citoyen de la transition a tiré la sonnette d’alarme sur les manœuvres des membres du Codni. L’organisation constate l’impréparation, le déséquilibre dans la répartition des quotas des participants et le verrouillage du dialogue.

Une semaine après le début du dilatoire national inclusif et souverain, l’observatoire citoyen de la transition relève qu’en dépit des moyens colossaux mis à sa disposition, le Codni fait preuve d’une impréparation remarquable. « La circulation des documents non authentifiés dans la salle, l’enrôlement continu des participants, le projet du règlement intérieur truffé de contradictions et d’insuffisance, l’inobservation des mesures de distanciation sociale dans la salle ainsi que le non port des masques par certains participants, la non-maîtrise de la conduite des débats, le non-respect des horaires d’ouverture et de fermeture de la plénière, les graves difficultés logistiques », remarque l’Observatoire.

Au-delà de l’impréparation, l’observatoire fait état d’un déséquilibre dans la répartition des quotas des participants. « L’inclusivité qui est un principe de base pour la tenue du Dnis ne semble pas être respecté », constate-t-il.

D’après l’observatoire, la composition de la salle révèle un déséquilibre notoire. « Un nombre important des participants sont membres ou affiliés à l’ancien parti au pouvoir, une forte présence des membres des forces de défenses et de sécurité aussi bien dans la salle que dans les principales artères de la ville », informe l’observatoire citoyen de la transition qui regrette la très faible visibilité des observateurs internationaux dans la salle et l’absence de certains groupes politico-militaires, Les Transformateurs, Wakit Tama et le Gra-appel du 1er juin.

Un autre constat et non des moindres fait par l’observatoire, c’est le verrouillage du dialogue. « Tous les acteurs nationaux conviennent de la nécessité d’organiser le Dnis pour la refondation de l’Etat et la réconciliation nationale », précise l’organisation qui déplore malheureusement que « les trois premiers jours des travaux montrent que le dialogue semble être verrouillé ». Il parle de la confiscation de la souveraineté du dialogue par le Codni malgré les rappels à l’ordre des participants demandant son retrait au profit d’un bureau d’âge, chargé de conduire les débats sur l’adoption du règlement intérieur et la mise en place du Présidium. « La mise à l’écart des représentants de la société civile, des jeunes et des Universitaires dans les salles annexes tandis que les positions stratégiques dans la grande salle sont réservées aux membres du gouvernement, aux acteurs politiques et d’autres personnalités proches des autorités de la Transition », note l’observatoire qui révèle aussi la répartition inéquitable de la parole et du temps. « La non prise en compte des interpellations et propositions faites par les participants, les applaudissements intempestifs comme moyen de pression pour faire taire les contestations », note le rapport.

Les trois premiers jours des travaux du dialogue sont, estime l’observatoire entachés des irrégularités et des tensions qui sont susceptibles de remettre en cause la crédibilité de ces assises. « Les décisions prises, notamment l’adoption du Règlement Intérieur dans le cafouillage ainsi que les tractations autour de la désignation des membres du présidium sont autant d’actes qui mettent en lumière les manipulations de l’ancien parti au pouvoir qui cherche à contrôler le processus de transition à tout prix. Les autres acteurs mis en minorité dans les débats risqueraient de revoir leur participation au dialogue », ajoute-t-il.

Pour la sérénité du dialogue et la confiance au sein des participants, l’observatoire citoyen de la transition demande la mise en place d’un présidium dirigé par une personnalité neutre et consensuelle.

Stanyslas Asnan