La rencontre entre le commissaire paix et sécurité de l’Union Africaine, le nigérian Bankolé Idéyaoé et les acteurs politiques tchadiens n’aura accouché que d’une souris, à en croire les présidents du Parti socialiste sans frontière (Psf) Yaya Dillo Djerou Bétchi et des Transformateurs Dr Succès Masra. Ils appellent les Tchadiens à arracher leur liberté.
La visite de la délégation de l’Union Africaine au Tchad n’aura pas permis de rapprocher les positions des différents acteurs de la vie publique à quelques jours du dialogue national inclusif (Dni) prévu au 20 août prochain.
Après une rencontre dans un hôtel de la place, les partis n’ont pas caché leur déception. « Nous avons cru à tort que la venue au Tchad du Président Macky Sall…présagerait quelque chose de positif. Nous avons cru à tort qu’il est venu pour donner des conseils avisés au Président du Cmt en ce qui concerne les très nombreuses dérives de la gestion de la transition et le non-respect de plusieurs conditions de l’Ua, notamment l’inclusivité et la transparence du dialogue. Mais hélas ! il est venu pour marquer le cachet de légitimité au processus de la mascarade transitoire malgré les nombreuses contestations de l’opposition démocratique, de la société civile et de plus importants mouvements politico-militaires, contestations relatives à la mise en place des organes exclusifs de la transition et du dialogue », déplore le président du Parti socialiste sans frontière Yaya Dillo Bétchi.
Pour lui, l’attitude du président sénégalais prouve que « l’organisation continentale est une marionnette au service de ceux qui installent des régimes fantoches en Afrique et les consolident par le biais des Africains et leurs organisations caporalisées ». Le président du Psf rappelle que si le Sénégal est aujourd’hui un pays pacifique et vit dans une dynamique du développement économique, c’est grâce à l’évolution démocratique. « Justifier la monarchisation du Tchad par sa seule participation à la lutte contre le terrorisme est une insulte à l’intelligence collective des Tchadiens », ajoute-t-il, tout en invitant Macky Sall « à reconsidérer sa position actuelle et à se rendre à l’évidence que sa venue au Tchad a juste renforcé les jalons de l’effondrement de la démocratie dans notre pays ». Il demande à la population à faire bloc contre la junte. « Mes chers compatriotes, comptons sur nous-mêmes et mobilisons-nous pour la marche du 19 août 2022. Aucun peuple n’a reçu sa démocratie sur un plateau d’or. À bas la résignation ! À bas l’aveu de faiblesse ! Levons-nous et arrachons ensemble notre liberté ».
Le président des Transformateurs Dr Succès Masra rappelle qu’aucune des résolutions prises par l’Union Africaine n’a été respectée. « Je vous en cite 3 : l’obligation de réviser la charte, l’obligation de tenir la transition sur les 18 mois et l’engagement des membres du Conseil militaire de transition de ne pas se présenter. Donc rien que ces trois résolutions phares qui étaient celles de l’Union Africaine et que le peuple tchadien a accepté et derrière lesquelles la communauté internationale s’est alignée, le président Macky Sall ne s’est pas prononcé la dessus », révèle-t-il. « Au final, l’Union Africaine est probablement en train de dire au peuple tchadien d’oublier le processus démocratique qui découlera puis qu’il n’en sera pas », estime-t-il.
Le doute pour le président des Transformateurs est que si « les militaires vont faire tout pour imposer et s’imposer pour aller aux élections, c’est pour tricher ». Si la communauté internationale fait de la lutte contre le terrorisme un argument pour soutenir la junte militaire au pouvoir, le premier ennemi des Tchadiens, est d’après Dr Succès Masra le chômage, le manque d’opportunités, le développement… « Les Tchadiens veulent aussi la démocratie, l’alternance. Aujourd’hui, chacun doit prendre sa responsabilité et regarder », complète-t-il.
L’Union des démocrates pour le développement et le progrès (Udp) a appelé hier les Tchadiens à barrer la route au projet de validation d’un pouvoir dynastique. Son président national Max Kemkoye entend se mettre de commun accord avec d’autres leaders- un gouvernement d’union nationale.
Stanyslas Asnan