Que le lecteur se rassure. La présente chronique n’a rien de politique politicienne. Il s’agit d’un problème de santé publique banalisé qui prend de l’ampleur et deviendra à terme, le plus gros défi de santé publique.
L’auteur de ces lignes, au détour d’une conversation avec des jeunes apprend que des sachets d’alcool de synthèse les plus corsés présentés comme du whisky ont été baptisés au nom des personnalités les plus influentes de la vie politique. La boutade aurait pu faire rire s’il ne s’agissait pas d’une vaste entreprise d’empoisonnement de notre jeunesse.
Cela fait plusieurs années en effet que des esprits avisés alertent sur la dangerosité de ces alcools de synthèse et autres substances psychotropes importés en masse via le Nigéria qui font désormais partie de nos habitudes de consommation. A chaque coin de rues, dans les échoppes et au marché, ces produits sont exposés à la vente sans que cela n’émeuve outre mesure.
En province, les marchés hebdomadaires sont les lieux de consommation de ce poison qui est dilué dans les boissons traditionnelles. Pour ceux qui reprouvent l’odeur de l’alcool, les comprimés sont la solution toute trouvée. En passant, un lycée de la capitale a même fini par être surnommée au nom d’une substance psychotrope. C’est dire combien le mal est profond…
La chanson consacrée à ce phénomène par l’artiste Ray’s Kim a été comprise à l’envers par les consommateurs du ngerek qui, au lieu d’en redouter les conséquences, reprennent ses vers en se délectant des fameux sachets.
Comment un Etat qui se revendique gendarme de la sous-région peut-il laisser passer autant de produits qu’il sait impropres à la consommation et potentiellement mortifères traverser en si grande quantité ses frontières ? La porosité de nos limites ne saurait être l’excuse puisque, quand ils le veulent ou quand on leur en donne les moyens, les services de sécurité ont su débusquer les plus habiles des malfrats.
Aujourd’hui, le mal est si profond qu’il faut des mesures urgentes pour sauver ce qui peut encore l’être. Dans les campagnes, les conséquences de la consommation de cet alcool sont déjà visibles. La force de travail pour les travaux champêtres a considérablement diminué avec les conséquences que l’on sait. A terme, ce sont des milliers de foies esquintés par le mauvais liquide, des riens bousillés à force d’être éprouvés que les pouvoirs publics seront dans l’obligation de soigner. Il n’est jamais trop tard pour arrêter l’hémorragie. Si tant est qu’on se soucie du Tchad de demain comme on le prétend.
La Rédaction