Deux heures pour parcourir 1,2 kilomètres. C’est le calvaire que vivent depuis un moment déjà tous ceux qui ont le malheur de traverser le pont à double voies (qui serait un abus de langage selon les connaisseurs). Tantôt un gros porteur, du reste interdit de circuler en ville en journée, est tombé en panne en plein pont, tantôt un automobiliste trop pressé a créé une troisième file, bloquant ceux d’en face. Conséquence, il faut de longues minutes aux agents de la Brigade de la circulation routière (Bcr) pour libérer le passage. Le temps perdu, la quantité de CO2 lâchée dans la nature ne sont pas estimées, ce n’est pas la priorité sous nos latitudes…
En vérité, le parc automobile de N’Djaména n’est pas aussi important pour susciter des embouteillages auxquels on assiste quotidiennement depuis quelques années.
La cause principale est plutôt l’indiscipline et l’impatience, deux caractères les mieux partagés par la plupart des conducteurs N’Djaménois. Le code de la route ? Connait pas ! Ne venez surtout pas parler de priorités aux motocyclistes dont la majorité est en situation d’illégalité parce que n’ayant pas de permis. Pour le motard, c’est à l’automobiliste de céder le passage. Pour la grosse cylindrée, souvent conduite par des chauffeurs des officiels ou des citoyens majuscule, l’attente est un crime de lèse-majesté. Il faut forcer le passage quitte à créer une troisième voire une quatrième file sur une chaussée de moins de dix mètres qui dessert dans les deux sens.
Tout cela se passe sous le regard impuissant des forces de l’ordre, blasés eux aussi. Ils se préoccupent plus de faire semblant de verbaliser les gros porteurs qui violent les arrêtés du maire et du Dg de la police que de s’assurer que les citoyens circulent en respectant le code de la route. Et cela n’est pas de leur faute, même si leur propension au bakchich n’est pas tolérable. Blasés, ils le sont à cause du mauvais exemple que donnent ceux qui sont censés les protéger. Il suffit qu’un proche d’une autorité soit verbalisée pour que les patrons de la circulation routière soient harcelés au téléphone et mis sous pression. A force de lâcher, ils ont fini indolents… Comme les autres composantes de la société, ils ont cédé au découragement à cause de l’injustice et insidieusement leur professionnalisme s’est étiolé.
Faisant le bilan de ses trente ans de règne, feu le Maréchal Idriss Déby Itno avait admis devant les gouverneurs en octobre 2020 que tous les fondements de la République sont à terre. C’est aussi ça qui est là.
La Rédaction