En Afrique centrale, des millions de personnes dépendent de l’agriculture, de l’élevage, de la pêche, de la foresterie et autres ressources naturelles pour assurer leur alimentation et leurs revenus. Cependant, les effets du changement climatique, caractérisés par des phénomènes météorologiques extrêmes ainsi que les conflits socio-politiques menacent significativement ces secteurs et nuisent à la sécurité alimentaire et aux moyens d’existence des populations qui en dépendent. La FAO appelle à mobiliser 248 millions de US dollars afin d’assister 3,2 millions de personnes en situation d’insécurité alimentaire aiguë en Afrique centrale et protéger et restaurer leurs moyens d’existence.
Une situation alarmante qui risque de se détériorer davantage
D’après les nouvelles données du Rapport mondial sur les crises alimentaires (GRFC) , les taux de la faim et de la malnutrition dans le monde sont alarmants. En 2021, environ 193 millions de personnes, soit 40 millions de plus qu’en 2020, étaient en situation d’insécurité alimentaire aiguë et avaient besoin d’une assistance urgente dans 53 pays et territoires. Le continent africain compte environ 114 millions de personnes en insécurité alimentaire aiguë, dont 33 millions au sein de quatre pays de la sous-région d’Afrique centrale, à savoir la République démocratique du Congo, qui connaît la plus grande crise alimentaire au monde, avec près de 26 millions de personnes en insécurité alimentaire; le Cameroun, deuxième pays le plus touché (2,4 millions de personnes); la République centrafricaine (2,36 millions de personnes); et le Tchad (2 millions de personnes).
Cette aggravation est imputable à divers facteurs qui se renforcent mutuellement : des conflits aux crises environnementales et climatiques, des crises économiques aux crises sanitaires, avec sous-jacentes la pauvreté et les inégalités.
Les conflits demeurent le facteur d’insécurité alimentaire principal. Bien que cette analyse soit antérieure à l’invasion de l’Ukraine par la Russie, le rapport constate que cette guerre a déjà mis en évidence l’interdépendance et la fragilité des systèmes alimentaires mondiaux, porteuses de graves conséquences pour la sécurité alimentaire et nutritionnelle au plan mondial.
Avec 75 pour cent de la population des pays d’Afrique qui dépendent d’une agriculture de subsistance pour leur alimentation et leurs revenus, investir dans le secteur agricole est essentiel à la sauvegarde des moyens d’existence des ménages et à l’amélioration de leur sécurité alimentaire. Ainsi, en Afrique centrale ce sont près de 25 millions de personnes sur les 33 millions en insécurité alimentaire aigue qui vivent en zones rurales.
Fournir une assistance humanitaire agricole d’urgence
Avec son nouveau cadre stratégique 2022-2031, la FAO prévoit de «fournir une assistance à 60 millions de personnes par an par le biais d’interventions d’urgence et de résilience, et par des investissements dans des actions préventives et anticipatives qui réduiront les besoins humanitaires à l’avenir et permettront un développement durable». Cet objectif représente une augmentation d’environ 100 pour cent du nombre de personnes assistées en 2021 par la FAO. Il vise notamment à promouvoir la transformation des systèmes agroalimentaires, afin de les rendre plus efficaces, plus inclusifs, plus résilients et plus durables en vue d’améliorer la production, la nutrition, l’environnement et les conditions de vie, sans laisser personne de côté.
En effet, investir dans l’agriculture a d’importantes retombées sur la vie des populations assistées. Par exemple, en République démocratique du Congo, le potentiel du secteur agricole est significatif, bien qu’il peine à se développer. Grâce aux investissement dans le secteur, la production agricole locale augmente et permet de baisser les coûts liés à l’importation des denrées alimentaires. Par conséquent, l’engagement de la communauté internationale est crucial à la réalisation des objectifs de développement durable et à la fourniture de réponses d’urgence capables de réduire les besoins humanitaires à long terme. C’est ainsi que la FAO travaille étroitement avec les communautés et les institutions locales afin de prendre en compte et de traiter de manière inclusive les dimensions sociales, économiques et environnementales qu’impliquent l’aide humanitaire et le développement durable. Enfin, le retour sur investissement des interventions agricoles est parmi le plus élevé relativement aux financements humanitaires. Un engagement effectif pour des fonds pluriannuels, flexibles et fiables alloués au secteur agricole garantira un impact durable au renforcement de la résilience des populations dans le besoin.