Edito

Incohérence et cacophonie

Incohérence et cacophonie 1

«Et Tribuneinfos.com ?» C’est la question que se sont posés de nombreux observateurs à la lecture de la décision de la Haute autorité des médias et de l’audiovisuel (Hama) mettant en demeure trois journaux parmi lesquels votre hebdomadaire pour « diffusion de fausse nouvelle ». La veille l’organe de régulation a alerté la terre entière que quatre journaux étaient conviés à une séance de travail à laquelle la présence des directeurs de publication était « exigée » … Le procédé, inapproprié pour une administration qui se respecte, maladroitement justifié laissait entrevoir les intentions de la Hama, plus connue pour son acharnement contre la presse que l’amélioration des conditions de travail des journalistes.

Moins d’une heure après avoir passé le temps à écouter les responsables des médias, elle se fend d’une décision, sans doute pré-rédigée les incriminants alors que le contenu de la discussion était tout autre et devait conduire à des positions plus conciliantes. Craignant sans doute d’être contesté pour mauvaise foi, l’organe de régulation brandit en sus de son verdict la menace de sanction en cas « de récidive ou de violation d’une règle déontologique ou d’une autre disposition de la législation sur les media ». La menace ne fait pas peur…
Pourquoi la Hama a-t-elle convoqué les responsables des quatre médias ? A l’origine l’annonce par chacun d’eux de la nomination au poste de Dg de l’Ans, le contre-espionnage tchadien du général Baba Laadé. L’information confirmée par l’intéressé et plusieurs sources a été publiée parce qu’en matière de nomination des patrons de services secrets, les décrets sont en général muets comme ce fut le cas quelques semaines plutôt de Mahamat Abdelkérim Charffadine au poste de Dga du même service.

Ce qui s’est passé est plutôt la conséquence d’un problème d’aiguillage entre les services de la présidence et le concerné. En toute bonne foi, lorsque le palais a démenti l’information, du reste précédemment confirmé par une partie de son personnel, nous l’avons relayé, faisant ainsi amende honorable. Ces explications n’ont pu éclairer le collège des conseillers de la Hama parmi lesquels de vieux briscards qui semblent avoir oublié la réalité de l’exercice du métier de journaliste sous nos cieux. Peut-être qu’ils avaient d’autres desseins. Il est vrai qu’il vaut mieux ne pas se mettre le palais à dos en ces temps de recomposition de l’appareil politico-administratif…

En attendant, que dit la Hama des pages qui pullulent ces derniers temps revendiquant le statut de média et dont les contenus respectent tout sauf la déontologie ? Voilà une tâche qui peut bien occuper l’organe de régulation qui semble chercher du grain à moudre. Pour nous, ce qui s’est passé n’est que le résultat d’une cacophonie en haut lieu et nous n’en sommes que victimes. Nous l’avons admis de bonne foi. La mise en demeure, pour un organe qui n’a jamais fait l’objet d’une plainte est la manifestation d’un zèle dont les motivations sont ailleurs.

La Rédaction