Le Conseil de commandement militaire pour le salut de la République (Ccmsr) annonce suspendre sa participation au pré-dialogue de Doha au Qatar et conditionne son retour par des garanties des partenaires du pays.
Après plus de deux semaines de négociations, marquées par des suspensions, le Conseil de commandement militaire pour le salut de la République (Ccmsr) décide de jeter l’éponge en dénonçant la mauvaise foi du gouvernement de transition. « Après concertation avec tous les membres des organes du haut commandement du mouvement, cette lourde décision a été prise afin d’éviter de donner le sceau d’approbation au dialogue national avec une junte militaire au pouvoir qui parallèlement entreprend des actions qui laissent présager un agenda caché animé des mauvaises intentions », précise le groupe rebelle dans un communiqué de presse.
Pour prendre cette décision, le groupe dirigé par Rachid Mahamat Tahir évoque 4 raisons. « La junte a invité un grand nombre de groupes de faux-opposants fictifs qui sont en réalité des éléments de l’actuel régime au Tchad et dont on n’a appris l’existence qu’à l’inauguration du sommet de Doha », déplore le Ccmsr qui informe que le but de cette manœuvre est de noyer la voix des vrais groupes politico-militaires libérateurs du Tchad avec une présence armée réelle sur le terrain.
Puis, il fustige aussi que « l’absence d’agenda pour le dialogue préliminaire constitue une défaillance organisationnelle grave ». Cette situation, entretenue volontairement par le gouvernement de transition visera selon le mois rebelle à faire perdurer indéfiniment le pré-dialogue sans atteindre l’objectif escompté.
En plus, le Ccmsr pointe du doigt « le refus de la junte militaire au pouvoir de revoir les dispositions de la charte de transition qui accorde trop de pouvoir au chef de ladite junte militaire » mais aussi « la violation de la trêve durant la période de pourparlers de paix ». Le groupe politico-militaire dit avoir constaté des mouvements suspects près des emplacements de ses troupes dans les zones de Kouribougri et de Tanoua et le déploiement des forces supplémentaires dans des zones stratégiques le long de la frontière. Pour le Ccmsr, la non-participation des membres des institutions affiliées à l’autorité de transition (le Cmt ou le gouvernement de transition) aux élections à venir après cette transition est la condition sine qua non pour assurer une élection libre, transparente et crédible. « Or, la procrastination de ce point fondamental par la junte témoigne leur mauvaise foi dans la résolution des conflits au Tchad », note le document qui mention du « refus de la junte militaire de clarifier sa position en esquivant la question essentielle sur la non-participation de certaines personnes aux premières élections après la transition ». Ces points de revendication, assure le Ccmsr, « reflètent la fourberie d’une junte militaire qui ne cherche qu’à piéger les combattants de la liberté dans le seul but de s’éterniser au pouvoir ».
Le Conseil de commandement militaire pour le salut de la République demande enfin des éclaircissements mais aussi des garanties des médiateurs qataris, de l’Ua et de l’Onu avant de décider de reprendre le pré-dialogue ou, au contraire, se retirer définitivement.
Stanyslas Asnan