Edito

Edito N°047

Edito N°047 1

Idriss Déby Itno face à son système

Florilège de propos et engagements non tenus par Idriss Déby Itno  depuis vingt ans. 8 août 1996 : « La kermesse du désordre est  terminée !»; 8 aout 2001 : « Impunité, impunité, je n’ai couvert       personne». Il y’en a eu d’autres telles que «de grâce, cessez de voler » jusqu’au «Aujourd’hui, le niveau de la prévarication a atteint son firmament.

Les preuves  de l’enrichissement illicite sont visibles comme l’attestent les villas cossues qui poussent un peu partout. Tous les prédateurs de la     République doivent comprendre que leurs actes ne resteront pas impunis» du 11 mars 2017.

Depuis samedi, cette partie du discours du chef de l’Etat a été largement commentée, ressassée pour finalement en conclure qu’il ne s’agit que de paroles. Dans ce Tchad, rien de nouveau sous le soleil…

S’il est une promesse que le chef de l’Etat est entrain de tenir, c’est sans doute celle de cette cour contre l’enrichissement illicite, annoncée dans son discours d’investiture et qui sera créée dans les jours voire semaines à venir.

Dans le fond, la guerre contre le détournement des deniers publics risque d’être compliquée et mettra en danger le système qui carbure à la corruption et aux détournements.

Fondamentalement, le Mps gouverne seul. Et quand il partage, c’est avec des alliés choisis à qui il cède une portion congrue. Ce sont donc les         militants du Mps et apparentés qui sont nommés aux postes juteux et     détournent avec la garantie d’impunité connue de tous, les fonds ont été reversés pour les activités du parti. Cela fait plus de vingt-ans que cela dure et le président ne l’ignore pas. Les scandales, le pays en a connus. Les auteurs, trainés dans la boue, à l’occasion de procédures souvent    bâclées, bénéficient in fine de non lieux pour rebondir, sans honte,            arborant l’écharpe du parti.

Au fil des ans, la figure du prédateur s’est imposée comme le modèle de réussite. Il est devenu l’élément essentiel du système au point où, c’est la probité qui est devenue le vice, à tout le moins un comportement marginal.

Pour le chef de l’Etat, s’attaquer aux prévaricateurs, ce que le petit peuple appelle de tous ses vœux,  comporte cependant deux risques : Le premier est politique. Celui de devoir mettre en prison de nombreux soutiens qui ont fait fortune grâce au parti et qui entretiennent en même temps une clientèle politique qui fait tourner la machine. Mettre aux arrêts ces alliés pourrait provoquer des règlements de compte dont l’issu est plus        qu’improbable.

Le deuxième risque est sécuritaire. Il n’y a pas que le Mps qui bénéficie de l’environnement favorable de la corruption et des détournements. La grande muette notamment un certain nombre d’officiers supérieurs qui ont l’oreille du chef à qui on attribue des capacités réelles ou supposées de faire et défaire des carrières. Ceux-ci ne resteront pas les bras croisés quand leurs protégés seront traînés en justice et perdront leurs biens. 

La partie s’annonce donc risquée si le chef de l’Etat est sincère. Ce que beaucoup de tchadiens, «toujours dupés mais jamais dupe », que nous avons interrogés (lire P4), ne croient pas. Comme une grande partie de l’opinion, ils estiment qu’il ne s’agit que de paroles, paroles…

La Rédaction