Lors d’un point de presse, l’avocat de la communauté zaghawa, Me Alain kangonbé fustige le traitement du dossier de ses clients et parle d’un déni de justice.
L’affaire opposant l’activiste Abel Maïna à la communauté zaghawa est classée sans suite selon Me Alain kangonbé qui dénonce l’ingérence de la la police dans le dossier. « C’est des frustrations qui sont à l’origine de la justice privée », rappelle le conseil qui assure avoir appelé ses clients au calme.
Selon l’avocat, justice tchadienne est devenue une justice à deux vitesses et la politique la tient d’une main de fer. « Nous voulons que cela change», insiste-t-il. « Le rôle d’un activiste, c’est de dénoncer les méfaits de la société, de lutter pour un Etat de droit et lutter pour le respect des droits des individus et d’aller contre l’oppresseur. Mais sieur Abel Maïna a fait de son thème favori, des injures à caractère ethnique et des incitations à la haine tribale. Il s’en est pris à la toute la communauté zaghawa qu’il a traité de voleur, criminel, violeur. Et c’est à bon droit qu’une bonne partie de la communauté respectueuse des droits n’a pas voulu se faire justice et a confié son sort à la justice en deposant une plainte contre Abel Maïna afin qu’il puisse démontrer en quoi toute la communauté est ce qu’il a décidé qu’elle soit », rappelle le conseil.
Mais grande est sa surprise, regrette-t-il qu’avant même que les parties ne soient entendues dans un procès-verbal régulier, un appel est venu de quelque part pour donner des instructions. « Il n’y a jamais eu l’audition des parties, les politiques s’y sont mêlés et l’affaire a été classée sans suite », regrette Me Alain kangonbé. L’avocat ne décolère pas et assure avoir contourné la décision du procureur pour déposer une plainte avec constitution des parties civiles comme l’autorise la loi. « L’information est ouverte, le juge d’instruction a transmis le dossier au procureur de la République et le dossier est revenu à la justice mais une fois de plus, la pression est venue de quelque part et le juge d’instruction ne peut pas servir la convocation. Principalement la raison avancée, c’est est la dialogue national inclusif », complète-t-il.
L’avocat déplore cet état de chose et rappelle que la justice est faite pour protéger tous les citoyens et pour frapper tous ceux qui sont coupables. « La justice ne choisit pas qui protéger et qui ne pas protéger. Ce qui se passe n’est ni plus ni moins un déni de justice. Au nom du dialogue national, on prive une partie des justiciables à accéder à la justice », a-t-il fustigé.
Il s’interroge du bien fondé du dialogue national inclusif. « Est-ce que le but du dialogue national de créer de frustration au sein de différentes communautés? Partout où il y a du dialogue, on parle de justice, justice, vérité et réconciliation. Il ne peut y avoir un dialogue véritable lorsque toute une communauté est offensée et frustrée », ajoute-t-il.
Stanyslas Asnan