Lors d’une déclaration, les artistes tchadiens ont exprimé leur ras-le-bol lié à la mauvaise gestion de leurs intérêts et exigent un budget conséquent pour la promotion de l’artiste tchadien et l’accélération de la mise en place d’une politique culturelle qui mette en priorité leur prise en charge par les multinationales.
Réunis dans la matinée de ce vendredi à l’espace Talino Manu, les nombreux artistes tchadiens de presque toutes les tendances ont répondu à l’appel du collectif pour exprimer leur mécontentement cuvé des lustres. « Nous sommes en colère contre le non financement de nos activités par notre ministère de tutelle, depuis plus de 10 ans. Nous sommes en colère contre le Bureau tchadien du droit d’auteur (Butdra) dont l’administration gère très mal nos redevances et octroie des droits d’auteur médiocres aux artistes sociétaires. Nous sommes en colère, car les multinationales installées accordent plus d’importance aux financements des artistes étrangers qu’aux artistes tchadiens. Nous sommes en colère, parce que notre condition de vie ne change pas et devient de jour en jour misérable », dénonce l’artiste comédien Neldé Calvin.
Le ministère de tutelle est accusé de n’avoir financé aucun projet d’artistes. « Nous avons l’impression que cette institution est créée pour payer des salaires aux fonctionnaires au lieu d’œuvrer pour le développement de la culture et de l’art. L’Office national de promotion du tourisme, de l’artisanat et des arts (Onpta) s’occupe plus du tourisme et semble n’exister que pour organiser deux événements le Ficsa et Dary au mépris des artistes locaux », regrette le porte-parole du collectif.
Les artistes exigent un budget conséquent pour la promotion de l’artiste tchadien et l’accélération de la mise en place d’une politique culturelle qui mette en priorité la prise en charge des artistes locaux par les multinationales exerçant sur le territoire tchadien et le détachement du Butdra de la Maison des patrimoines culturels du tchad (Mpct) et la révision des textes le régissant. « Nous plaidons pour que le gouvernement intervienne afin d’accélérer le processus d’adoption du statut de l’artiste tchadien en cours et exigeons l’accélération du processus de mise en place du fonds d’appui à la création artistique et l’implication des artistes dans les instances de décisions et dans le dialogue national inclusif à venir. Nous marquons notre volonté d’agir contre tout comportement visant à faire mourir le travailleur des arts et de la culture au Tchad. Nous réclamons aussi la mise sur pieds d’un mécanisme permettant d’accéder aux ressources disponibles par le biais de la représentation nationale de l’Unesco qui valide ou envoie les projets au siège», ajoute-t-il.
Cette sortie est, selon porte-parole du collectif des artistes en colère Djigri Parterre, la première d’une série d’actions. « Nous mènerons contre vents et marées pour entrer dans nos droits. Dans les jours à venir, d’autres actions seront menées et nous utiliserons les canaux indiqués pour nous faire entendre », a-t-il prévenu.
Stanyslas Asnan