Le fatras humain faisait dire à feu le Maréchal du Tchad que sa longévité à la tête du pays est due au fait qu’il est le seul garant de la paix et de la stabilité. Que s’il pouvait laisser le pays sans risque d’un quelconque désordre, il s’en irait vivre tranquille parmi les siens. Le destin en a décidé autrement… Près de huit mois après sa disparition, la providence tient encore le Tchad qui s’apprête à tenir un dialogue national inclusif qui est, nous convenons avec Succès Masra et Saleh Kebzabo «une dernière chance pour le Tchad».
Une dernière chance parce que jusqu’au 20 avril 2021, le Tchad vivait une dictature. Les institutions et les élections n’étaient en réalité que du cosmétique. Idriss Déby Itno était le seul maître à bord, jouant des hommes et des institutions à sa guise. Il faut admettre que l’homme a su manier la carotte et le bâton pour tenir une bonne partie de notre élite. Ceux qui n’en pouvaient plus ont fini par choisir l’exil… Il faut aussi admettre que l’opportunisme et l’appât du gain de la majorité des élites lui ont facilité la tâche.
Ceux qui ont argumenté en 2005 que la constitution n’est ni la bible, ni le coran pour ne pas être modifiée doivent se rappeler que ce sont leurs turpitudes qui ont conduit le Tchad où il se trouve aujourd’hui. Ces gens-là partagent avec le défunt président la responsabilité des échecs politiques qui ont perpétué le cycle des guerres et qui ont aussi été fatales à leur champion. Ils sont aussi responsables des échecs sur les plans économique et social. Notre pays est en queue de peloton dans nombre de classements mondiaux. On retrouve la même espèce à la manœuvre, essayant de torpiller les conclusions des pré-dialogues.
C’est pourquoi l’opportunité qu’offre le dialogue national inclusif ne doit être vendangée sous aucun prétexte. Le Tchad de 2022 n’est certes pas celui de 1993. Mais nous devons prendre exemple sur l’état d’esprit qui a prévalu pendant la Conférence nationale souveraine pour jeter les bases d’un nouveau contrat social. Un nouveau contrat qui ne permette plus la dévolution du pouvoir, qui permette la mise en place d’institutions fortes et indépendantes, qui donne à chaque compatriote sa place à part entière au sein de la société tchadienne. Pour nous au journal Le Pays, c’est de ce Tchad que nous voulons. Bonne et heureuse année 2022.
La Rédaction