Donnez de l’emploi aux jeunes
« Jeunesse tchadienne, fer de lance du développement», « Le Tchad a besoin d’une jeunesse qui ose et qui a de l’audace», « La jeunesse occupe le cœur de la politique du gouvernement », « Jeunes, vous êtes les cadres de demain, le pays vous appartient ».
Ce sont là des formules que la jeunesse tchadienne est habituée à entendre. Si les belles déclarations pouvaient apporter le bien-être social et économique à la jeunesse tchadienne, le Tchad pourrait se rivaliser avec les grandes puissances. Hélas ! Les conditions de vie des jeunes tchadiens se détériorent de jour en jour. Les jeunes en sont à se demander si leurs rêves vont se réaliser un jour. Les emplois sont rares, les ressources tarissent, les besoins s’intensifient du jour au lendemain en cette période dites de vaches maigres caractérisée par les 16 mesures.
Si les 16 mesures ont obligé les fonctionnaires à débrayer pendant plus de 3 mois avant de reprendre avec le travail momentanément (juste pour 30 jours), les demandeurs d’emploi ont vu leur calvaire se durcir. Malgré les multiples va-et-vient à la Fonction publique, ceux-ci n’ont rien obtenu. Les 16 mesures sont aussi passées par là. Et pourtant, lors des débats sur la loi de finances rectificative en juin 2016, le gouvernement a promis le recrutement de 19 306 en vue de mettre en œuvre le programme politique de l’emploi. Il est prévu au titre du ministère de la sécurité publique et de l’immigration 6 870 emplois, 10.000 recrutements des soldats au ministère de la défense nationale, des anciens combattants et des victimes de guerre, 1 284 agents au ministère de l’éducation nationale et de la promotion civique, 639 agents au ministère de la santé publique et 513 agents au ministère de la justice. Mais depuis lors, les lauréats de la 2ème promotion de magistrature de l’Ecole nationale de formation judiciaire, ceux des instituts nationaux et écoles professionnelles attendent toujours l’intégration. Un collectif des lauréats issus des écoles et instituts professionnels et universités a été mis en place pour réclamer l’intégration de ses membres sans rien obtenir.
Malheureusement, l’année 2017 sera encore plus difficile. Car, au nom de la réduction des dépenses publiques, la Fonction publique ne va pas recruter. Cette situation entrainera évidemment des conséquences sur le plan social. Le pays va s’attendre à une multiplication des actes répréhensibles en milieu jeune. Le banditisme, le vol, les braquages, l’escroquerie et la délinquance éliront domicile.
Même si en août dernier, quelques arrêtés sont sortis pour intégrer des jeunes, le contenu de ces arrêtés fait froid dans le dos. La plupart de ceux qui sont intégrés par remplacement numérique n’ont pas le profil requis pour le poste. D’autres demandeurs, au lieu d’être intégrés sont recrutés par contrat pour une durée de 2 ans renouvelable. Alors que des milliers des jeunes sortis des différentes écoles professionnelles continuent à attendre cette fameuse intégration. Le gouvernement recrute des personnes n’ayant pas de compétence requise. Il faut dégager les fonctionnaires n’ayant aucun diplômes ni compétences requises qui écument l’administration publique afin de laisser la place à ceux qui méritent comme annoncé dans les 16 mesures. L’audit des diplômes permettra de séparer le bon grain de l’ivraie. Mais l’application de cette mesure posera problème puisque qu’elle touchera les…..C’est aussi là les effets collatéraux des 16 mesures.
L’accès à un emploi décent est un droit, et l’Etat a l’obligation de le garantir à ses citoyens. Chaque année, c’est le même slogan « l’Etat ne peut pas absorber tous les chômeurs ». Ce qui veut dire que les jeunes doivent se débrouiller ailleurs, dans le secteur privé bien évidemment. L’auto-emploi est aussi prôné par les autorités sans toutefois créer de meilleures conditions favorables à l’exercice de l’entrepreneuriat. Ainsi, il ne fait aucun doute que d’ici la fin de l’année, les jeunes vont devoir entendre encore la même mélodie. « Je mesure pleinement l’ampleur de vos attentes, je comprends les angoisses et les incertitudes qui habitent et j’ai conscience de vos espoirs déçus ». Ce ne sont pas des amendes honorables qui pourront répondre aux besoins de la jeunesse. Celle-ci a besoin de travailler, de vivre et de réaliser ses rêves et non de voir son espoir fondre comme de la glace. Pendant que certains jeunes de ce pays qui n’ont ni compétence ni profil occupent des postes juteux et dilapident allègrement les richesses du pays, on appelle les autres à développer l’esprit patriotique, le sens du devoir et de sacrifice, de préserver la paix « chèrement acquise »…Le sacrifice signifie qu’il faut laisser de côté des intérêts égoïstes basés sur le clanisme, le régionalisme, la géopolitique et la cupidité mais plutôt privilégier l’intérêt général sur la base de l’égalité de chance et de la compétence.
La Rédaction