Sur les images de l’accueil réservé aux activistes vivant en France rentrés dimanche dernier, on a aperçu beaucoup des visages connus de la scène politique et du milieu associatif venu souhaiter un bon retour. Chose normale puisque d’autres qui n’étaient pas à l’aéroport leur ont rendu visite là où ils ont été hébergés. Dans l’absolu, le geste ne choque pas. Ce qui est gênant, c’est que la plupart de ceux qui se sont précipités pour s’afficher aux côté de ces compatriotes ne sont, pour une bonne partie que des «un pied dedans, un pied dehors» comme aimait le dire le défunt président Idriss Déby Itno. Un internaute a même lancé sous le ton de la boutade que les nouvelles autorités devraient demander à ces activistes le contenu de leurs inbox…
Le propos de cette chronique n’est pas de condamner ce qui ressemble à du pardon ou de la réconciliation à l’heure où se prépare le dialogue national inclusif. Le propos vise plutôt cette attitude pas seulement tchadienne qui consiste à exceller dans le «faire semblant». En effet, tous ceux qi font semblant de se réjouir du retour de ces compatriotes, du moins pour la grande partie étaient les mêmes qui faisaient semblant de soutenir les tenants du pouvoir d’hier, les applaudissaient quand ils opéraient les choix les plus injustes et livraient en même temps des secrets d’état à ceux qui ont choisis de combattre le système. Etaient-ils des corbeaux ? Assurément pas puisqu’en l’occurrence, il s’agirait de défendre des idéaux et non des intérêts mesquins poussant leurs interlocuteurs parfois à la calomnie, la diffamation.
Cette pratique, pas nouvelle (des observateurs avisés l’on noté déjà à la fin des années 1960 avec le retour de Hissein Habré à N’Djaména) doit être vigoureusement combattue si l’on veut bâtir une nouvelle société plus saine, plus juste et plus républicaine.
L’opportunisme, la roublardise sont certes des qualités en politique. Mais ceux qui l’ont théorisé l’entendaient ainsi quand il s’agit de causes plus nobles que des intérêts triviaux comme l’argent ou un poste juteux. C’est à ce moule que le système a malheureusement modelé la plupart des élites au point où le modèle de réussite n’est ni l’effort, ni le mérite.
Remettre l’éthique dans la pratique politique est la seule option qui vaille si on veut laisser demain un Tchad viable à nos enfants. C’est le seul chemin de notre salut.
La Rédaction