Montpellier abrite ce 8 octobre un sommet France-Afrique, nouvelle version, sans chef d’Etats mais avec des acteurs de développement africains. Une nouvelle formule, voulue par le président français qui entend réinventer les relations entre le continent et l’hexagone.
Mais hélas, l’actualité de ces dernières semaines a abondamment pris le contre-pied de cette volonté. Les deux sorties « malheureuses » du président français ont réveillé les vieux démons de l’histoire entre la France et ses anciennes colonies. De la Centrafrique à l’Algérie en passant par le Mali, les liens entre l’Afrique et le pays d’Emmanuel Macron ont été au centre des débats passionnés. Les accusations de néocolonialisme, d’arrogance et de soutien aux dictatures ont été portées contre l’ancienne puissance coloniale de la plupart des pays africains francophones, qui est vent debout face à la percée de la société militaire russe Wagner.
Si sur l’Algérie, le président français a fini par opérer un rétropédalage, Paris est resté intraitable sur la Centrafrique et le Mali usant de menaces à peine voilées contre les dirigeants de ces pays à qui on brandit facilement les violations des droits humains et du droit international. Des armes qui ont, il n’y a pas longtemps servi à clouer au pilori des dirigeants africains en désaccord avec Paris.
Dans une bonne partie de l’opinion, les sorties des officiels français ne passent pas. Bien plus, ils confortent dans leurs postures ceux qui estiment que la France n’a jamais voulu d’une émancipation de ses anciennes colonies. Ceci, sans savoir que le monde a bien changé et malgré les cris d’orfraie, la Chine par exemple s’est déjà installée en Afrique et y réalise ce que la France n’a jamais pu faire en un siècle de colonisation.
Les discours vertueux sur le respect des droits de l’homme ou de l’environnement ne sont avalés que par ceux qui veulent bien y croire.
En confiant au philosophe camerounais Achille Mbembé la collecte des préoccupations pour de nouvelles relations Afrique-France, Emmanuel Macron fait montre de bonne volonté. Mais jusqu’où pourrait-il aller quand on sait qu’avant lui, des officiels français qui ont annoncé les « actes de décès de la françafrique » sont plutôt passés à la trappe ? Surtout que lui-même n’arrive pas à se débarrasser du vestige de ce système qu’est Jean-Yves Le Drian, son ministre des affaires étrangères ?
Si le sommet de Montpellier n’est pas une opération de communication pour lui permettre de préparer sa réélection en 2022, Emmanuel Macron devra faire plus pour convaincre les Tchadiens par exemple qui aspirent à une vraie démocratie. Nous ne le croirons que s’il nous aide à sortir du « plan de succussion dynastique » qu’il a dénoncé en avril dernier. Sans quoi, comme les Maliens, les Algériens et les Centrafricains, les Tchadiens se tourneront vers d’autres latitudes, en vérité à leur cœur défendant.
La Rédaction