Au moins dix associations de la province du Mandoul se sont réunies pour faire une déclaration pour appeler à la fin de la traite des personnes, un phénomène qui prend de l’ampleur ce dernier.
Des jeunes battus à mort, d’autres obligés de travailler à longueur des journées sans repos ni repas, c’est le constat désolant fait par les responsables d’une dizaine d’associations du Mandoul. « Des êtres humains enchainés, séquestrés, fouettés et trainés derrière des véhicules, comme dans de films de cowboys dont plusieurs en sont morts. Puis les dépouilles mortelles sont ensuite prises en otage par les bourreaux jusqu’à ce que la contrepartie, en nature ou en numéraire, ne soit pas versée », déplore Delaville Djimyabaye, coordinateur du réseau des associations du Mandoul.
Ces jeunes qui, selon lui poussés à bout par la misère ambiante dans leurs localités d’origine, tombent dans les nasses de leurs compatriotes qui, sous le fallacieux prétexte de leur offrir du travail bien rémunéré. « II y a plus d’un an, courant juillet 2020, vingt-un jeunes en provenance des localités du Mandoul, ont été embarqués, sans avoir déboursé un sou, à bord des bus des agences de voyage bien connues en direction de l’extrême nord du pays. Grace à l’alerte des familles et à la vigilance des ressortissants du Mandoul réunies au sein de la plateforme dénommée MandoulI ndole, ces jeunes avaient été interceptés puis réacheminés dans leurs localités
d’origine », rajoute-t-il.
Du constat des responsables du réseau des associations du Mandoul, il ne se passe pas un jour sans que les jeunes en situation de vulnérabilité et de précarité ne soient harponnés puis soumis à la servitude et maintenus en situation d’exploitation à des fins économiques au grand jour, au vu et au su de tous.
Le réseau attire l’attention du gouvernement sur cette flagrante violation des droits. « La généralisation du phénomène de la traite de personnes au Tchad et toute la société humaine doit dépenser toute sa sollicitude, toute sa volonté, toute son intelligence, pour combattre cette pratique honteuse. Ce combat doit engager la conscience de la communauté humaine dans son ensemble, car c’est la dignité humaine qui est menacée, indépendamment de sa race, son origine ethnique ou de sa nationalité, parce que les doits de l’Homme sont universels» relève Delaville Djimyabaye.
Le réseau appelle en outre les organisations de défense de droits de l’Homme à se saisir du dossier et à diligenter des enquêtes approfondies pour situer les responsabilités.
« Il est impératif que le gouvernement dont la mission régalienne est de protéger les citoyens, d’utiliser les moyens dont il dispose pour poursuivre, arrêter et condamner les auteurs de ces
crimes qui opèrent au grand jour en complicité avec des représentants locaux », a-t-il lancé.
Stanyslas Asnan