Ouvrez les frontières
C’est sans doute la bonne nouvelle de la semaine dernière. D’ici juin, on n’aura pas besoin de visa pour partir de N’Djaména à Nouakchott, en passant par Niamey, Ouagadougou et Bamako. C’est le résultat des travaux de la réunion des ministres de la défense et de la sécurité des cinq pays membres du G5 Sahel, la dernière née des organisations sous régionales.
Ce faisant, le G5 Sahel réalise, mais seulement en partie, un vœu évoqué depuis le temps des pères fondateurs. La décision ne bénéficiera en vérité qu’au Tchad et à la Mauritanie qui ne sont pas membres de la communauté économique des Etats de l’Afrique de l’ouest (Cedeao). Entre le Niger, le Burkina-Faso et le Mali, une simple carte d’identité suffit pour circuler. Et c’est ce qu’on souhaite pour les populations de cet ensemble, déjà suffisamment éprouvées par les cycles des sécheresses, la pauvreté et le terrorisme.
Il faudra aussi saluer le courage des cinq pays. Ouvrir ses frontières alors qu’on est engagé dans une guerre asymétrique contre un ennemi invisible qui peut frapper n’importe où, démontre une lucidité qu’il faut saluer. Notre responsabilité est d’assurer à la fois la libre circulation des personnes et des biens et leur sécurité, ont expliqué en chœur les ministres à la fin de la réunion.
Pour le Tchad qui a un statut d’observateur à la Cedeao, c’est un appel de plus vers l’ouest. Un Occident, plus dynamique avec lequel nous partageons le Lac-Tchad, le Sahel.
Enfin, c’est aussi un appel à l’Afrique centrale qui, malgré l’appel du temps, freine de quatre fers l’intégration sous-régionale où il n’a pourtant qu’à gagner. Dans un monde globalisé où la libre circulation est plus qu’un impératif, l’arrogance du policier équato-guinéen face à un voyageur Camerounais, le mépris du Gabonais vis-à-vis du Tchadien ne sont que vils et contre le progrès. Les Etats aussi doivent dépasser les égoïsmes nationaux et mettre (enfin) en œuvre la résolution du dernier sommet des chefs d’Etats de la communauté économique et monétaire des Etats de l’Afrique Centrale (Cemac) de rendre effectif la libre circulation des personnes et des biens. Les peuples, eux, ne demandent que cela. Dans le silence, résonne sans doute dans leurs têtes ces airs du reaggaeman ivoirien Tiken Jah Fakoly «Ouvrez les frontières… »