Sécurité, Stabilité. Ces deux mots sont sans doute les plus usités par les membres du Conseil militaire de transition et leur prolongement, le gouvernement qui répète à l’envie à qui veux l’entendre que sans eux, le pays est devenu depuis le 20 avril un champ d’instabilité qui embrasera toute la sous-région. L’argument n’est pas nouveau. Le feu Maréchal du Tchad en a usé et abusé au point où la force de frappe de l’armée tchadienne est devenue son principal viatique politique.
Les nouveaux maîtres de N’Djaména qui s’inscrivent dans le prolongement du régime précédent ne se sont pas gênés d’en faire l’axe principal de la transition lors de la présentation de leur plan d’action à la communauté internationale il y’a une dizaine de jours. Mais mal leur en a pris.
Dans ce qui ressemble à un cours de priorité politique, les Ambassadeurs et représentants des organisations internationales ont rappelé au gouvernement que faire de la sécurité une des conditions essentielles à la réussite de la transition, c’est être hors sujet. « La sécurité, c’est ce à quoi nous nous attelons tous déjà » ont rappelé en chœur leurs excellences au gouvernement.
Surtout qu’en dehors des batailles remportées ici et là, le terrorisme n’est jusque-là pas vaincu. Dans le Lac, Boko-Haram dont on a annoncé la décapitation s’est régénéré et porte de temps en temps de sérieux coups de boutoir à nos forces de défense et de sécurité.
Ce que le pouvoir devrait comprendre, c’est que la paix n’est pas l’absence de guerre. La paix est la conséquence d’une conjugaison de plusieurs facteurs. Une armée, quelle que soit sa puissance de feu ne peut être efficace que quand elle traite au même pied d’égalité toutes ses composantes. Une société n’est en paix que quand ses citoyens adhèrent tous au contrat social qui voudrait que tous les membres de la famille soient égaux en droits et devoirs. Et les responsables de la police et de la gendarmerie devraient comprendre qu’assurer la sécurité, ce n’est pas brandir des présumés malfrats devant les caméras. L’indicateur objectif c’est une insécurité réduite. Les sorties du porte-parole de la police et son compère de la gendarmerie ne sont rien d’autre que du cinéma. Et en vérité, personne ne les prend au sérieux.
Un pays n’est en paix que quand ses citoyens confiants en la justice de leur pays, s’en remettent à elle au lieu de s’étriper au moindre désaccord autour d’une portion de terre. Un pays n’est en paix que quand il existe un minimum de consensus lorsqu’il s’agit de l’avenir commun.
Cela, les dirigeants de la transition ne semblent pas l’avoir perçu. Sauf à vouloir à terme se décharger sur la communauté internationale qui n’aura pas répondu aux appels à financements ; le gouvernement devra revoir sa copie au risque de se retrouver devant le juge objectif qu’est l’histoire avec la mention « hors sujet ».
La Rédaction